[Dylan Vehrion d'Ostarya] L'Épopée.

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Voyage jusqu'en saintes contrées.

Voilà trois journées complètes qu'il avait quitté son chaleureux domaine pour oser le galop en ces contrées peu recommandables. Les vastes plaines au sud du Mont Déïthor étaient réputées de par toutes les rumeurs qui circulaient sur ces lieux dits damnés. Couramment, on l'interpelle comme La Plaine des Héros Disparus. Jadis, une grande bataille opposant le peuple du Natiris et les Mortanyss aurait eu lieu. Évidemment, une telle confrontation est sûre d'engendrer la perte de bien vies -qui s'appliquait plus comme “existence” pour les Profanateurs du Cycle d'Aeltisis.- Ce qui ferait en sorte qu'aujourd'hui, certains spectres de cette guerre d'antan résiderait encore en ces plaines. Toutefois, pour le jeune Hastane d'Ostarya, les braver ne se représentait qu'à une peur sombre vite éclaircie de la lumière d'Odéon. Sa Foi le protégerait toujours, où qu'il puisse être. Il devait en être de même pour Étincelle, qui supportait déjà son poids armuré depuis le tout début de la journée. Par mesure de précaution, le cavalier avait prit soin d'enfiler l'armure que ses parents lui avait donné en guise d'au revoir, afin d'être préparé aux moindres intempéries.

[ https://www.youtube.com/watch?v=Ctk3B6OTGco ]

Portant son regard vers le soleil qui resplendissait dans le ciel bleuté, Dylan analysa la distance restante jusqu'à ce que l'astre s'évade dans l'horizon en annonçant la nuit. Il jugea préférable de clore les galops et de défaire sa jument blanche de son poids qui devait s'avérer éreintant pour elle. L'Hastane se mit aux préparatifs pour accueillir la froide nuit de printemps qui l'attendait, prenant soin d'établir le petit campement sur un des rares endroit sec des environs. Très vite, la luminosité du jour laissa place à la sombre nuit ombragée des nuages. Se dévêtant de son armure polie, il alla se passer la lavette près d'un ruisseau tout près avant d'enfiler des vêtements pour aller se reposer de sa journée épuisante.

C'est un hennissement soudain qui le tira de sa torpeur ensommeillée. Aussitôt, il se mit sur ses gardes, car il savait que ce n'était pas l'habitude d'Étincelle d'en faire ainsi, au beau milieu de la nuit. Rapidement, il tira sa fidèle lame hors de son fourreau qui reposait tout près de lui, sous les épaisses couvertures. Son regard bleu ciel parcouru alors la pénombre environnante, en quête de la source qui résumait l'agitation subite de la jument. Une imposante silhouette se dressait à l'Est, laissant étirer son ombre sur le sol, l'astre lunaire en arrière-plan.

Déjà, de par la carrure particulière de l'individu, ainsi que l'odeur nauséabonde qui lui parvenait du vent d'Ouest, Dylan pouvait deviner qu'il était en présence d'un Gorlak. Son hypothèse s'avéra fondée alors qu'un rire guttural et rauque, typiquement issu d'un fils du Sombre, se répertoria en écho. L'emprise que le cavalier exerçait sur sa lame se raffermit alors qu'Étincelle tirait du galop au sol d'un air menaçant, tout près de lui. Afin de se montrer rassurant, le cavalier se mit à flatter délicatement la crinière blanche de son destrier. Ils ne pouvaient se laisser défiler à la peur car c'est ce qui signerait leur échec. Seul le courage et l'espoir mène à la victoire, pas la peur ni le désistement.

Lentement, il entama le pas vers son adversaire en quête de sang, quittant le halo chaleureux de son petit feu mourant au centre de son campement improvisé. Rendu à une portée optimale, il s'exclama, à l'intention du Gorlak :

-”Je crains pour toi qu'il me faudra plus qu'un pathétique rire à sombre tonalité pour m'ébranler. Moi, porteur de la lumière d'Odéon, ne me laissera jamais intimider par une minable espèce de ta trempe!”

D'une vivacité sèche et précise, l'Hastane se mit en garde, brandissant sa lame devant lui, à la verticale tout en fléchissant légèrement les genoux. Son visage se figea dans la glace alors qu'il toisa avec grande attention le Gorlak. Les traits de ce dernier se durcirent instantanément, laissant apparaître quelques crocs aiguisés et mal-entretenus. Après un long grognement de colère, il s'exclama :

-”Twa utre qu'un sal chien d'Odéon! Mwa va couper twa en morceaux!”

Sèchement, il redressa son imposante hache sur son épaule droite, ré-exclamant son rire si désagréable. Alors que le colosse entama sa lourde avancée, l'épéiste demeura immobile, inspirant profondément, entrant dans une sorte de transe, unifiant ses pensées en un seul objectif, concentré. Il analysa tout. Partant de l'avantage que pouvait lui procurer certaines cavités du terrain au fait que ses muscles qui n'étaient pas encore réchauffés allaient le restreindre à opter pour une stratégie défensive pour contrer les coups meurtriers du Gorlak.

-”Twa duvrait suvwar qu'ici utre cuntrées de dangers! Surtout pour un hustune seul comme twa! ”

Un fin sourire en coin s'esquissa aux lèvres du Hastane pâle qui lui répondit, juste avant d'entamer vivement la charge, une fois l'adversaire à portée :

-”Je ne suis seul que pour l'aveugle qui est noyé dans les ténèbres du chaos et de la destruction.”

Aussitôt qu'il eut prononcé le dernier mot, Étincelle poussa un hennissement strident tout en agitant ses galops avants en l'air. Ce très bref moment d'inattention de la part du colosse permit à Dylan de porter le premier coup, causant l'apparition d'une épaisse traînée de sang au mollet du Gorlak ce qui ne manqua pas de faire grogner à nouveau ce dernier. Il avait intentionnellement porté un coup bénin car tuer n'était pas son objectif, il ne l'avait jamais été. Pour tout dire, jamais il n'avait abattu quiconque de toutes ses années dan la Garde. L'Hastane se disait qu'une défaite dont on peut prendre conscience est milles fois plus notable qu'une défaite qui signait l'arrêt de l'existence.

Dès lors, la mobilité de la force adverse s'avérait amenuisée, ce qui réduisait grandement sa portée. Les enchaînements de coups se succédèrent ensuite méthodiquement. Chaque coup n'étant pas laissé au hasard mais bien à l'esprit respectif des combattants. La stratégie du cavalier était plus évasive et défensive, orientée vers la contre-attaque plutôt que les coups directs. Les quelques parages de hache qu'il s'osait à faire lui causait de vilains engourdissements au bras et à la main. Tel qu'il l'avait anticipé, son adversaire était doté d'une force de frappe d'envergure. Entre deux grognements colériques, le Gorlak glissa :

-”Twa utre une vraie suterelle! Mwa vais broyer tuz' os!”

Lorsqu'il le vit lever subitement son imposante hache, le jeune Vehrion effectua un tour sur lui-même tout en bondissant vers la gauche, évitant de peu l'arme en question. Son mouvement s'interrompit alors que le mollet non affligé soit en vue, lui permettant de laisser le fer de sa lame tracer de nouveau la chair impure du Gorlak. Cette fois-ci, la cavité sanglante qu'il lui avait affligée était plus profonde et douloureuse.

-”PURTAH!”

Les deux genoux couverts d'ossements s'échouèrent contre le sol boueux, incapables de tenir plus longuement encore le poids éreintant du colosse. Dylan percuta alors la gorge de son adversaire d'un bon coup de genou qui le força à s'étaler au sol, vaincu. Avant même qu'il n'en prenne connaissance, le tranchant de la lame de l'Hastane était déjà sous son menton.

-”Voilà ce qui arrive lorsqu'un infâme se laisse berner et aveugler par les ténèbres qui l'ont façonné. Va maintenant, et souviens-toi éternellement que la Lumière est la seule voie juste et noble digne de ce nom. Qu'Odéon pardonne ton insouciante personne.”

Un autre hennissement requérant son attention le fît se retourner pour constater que l'on attentait maintenant à ses biens, à sa nouvelle armure plus précisément. Une Nargolith à l'âge fortement avancée était en train de le dérober dans son dos. Sa fidèle jument tentait au mieux de se montrer intimidante mais la vieillarde était armée d'une fine dague. L'Épéiste réajusta alors sa garde, délaissant le Gorlak qui rampait au sol pour aller à l'encontre de la voleuse.

-”N'êtes-vous pas un peu vieille pour vous adonner à d'aussi vilains agissements? Du moins, vous auriez pu vous forcer le moindrement pour cette mise en scène de bien piètre qualité. J'avais pourtant une si haute estime de l'art théâtral de votre peuple. Fort dommage que vous l'ayez bafouée en quelques secondes.

Un sourire provocateur s'afficha à ses lèvres alors qu'une étincelle de défi se forma à son regard bleu ciel. En guise de réponse, la Nargolith s'agita d'un mouvement plutôt rapide et précis pour son âge, maîtrisant Étincelle en meurtrissant sa chair et tâchant son pelage de son sang. Le petite lame se trouva très vite près de la gorge de l'animal. Elle répondit alors au propriétaire de la jument, sifflant entre les rares dents qu'il lui restaient :

-”Ssal Hasstane prétentsieux ..! Peut-être que tu te montreras plus docsile une fois ta ssi précissieuse bête morte.”

Les sourcils de Dylan se froncèrent subitement avant de se rehausser tout aussi rapidement. Un étrange écho lugubre accompagné d'une aura glaciale s'était perpétué dans l'atmosphère. Aussitôt, un élan de panique parcouru le regard cerné de la vieillarde alors qu'elle siffla :

-”Les sspectres de Déïthor ..!”

[ https://www.youtube.com/watch?v=hbbQu_PspJw ]

Immédiatement après, elle déguerpit prestement, prenant évidemment soin d'amener le paquetage contenant son dû. Le cavalier aurait bien aimé la poursuivre pour récupérer ce qui était sien mais sa jument n'était plus apte à chevaucher. D'autant plus que l'écho entendu précédemment était maintenant des murmures mêlés d'une mélodie mystique. Le petit feu de camp était venu à expiration, s'éteignant sous une bourrasque de vent subite. Très vite, les murmures tous prononcés sur un même ton s'unifièrent pour s'avérer être une voix charmante aux connotations mélodieuses. Le fantôme d'une Daëlwena éblouissante se matérialisa devant lui, accrochant un léger sursaut vite ressaisit du Hastane.

-”Ne t'en fais pas, Dylan d'Ostarya. Ton armure ne t'es pas nécessaire tant que la Lumière pure qui parcoure ton coeur et ton âme perdurera. Car elle seulement peut te protéger de tout les maux.”

Le voyageur demeura abasourdi un instant, momentanément sceptique. Il prit soin d'analyser de la tête aux pieds le spectre devant qui venait de s'adresser à lui. De sa chevelure argentée parsemée d'étoiles d'argents à ses jambes fines et élancées, tout en passant par ses yeux dorés et ses hanches finement découpées, l'être intangible était angélique. L'Ostaryien lui rétorqua simplement, souhaitant en apprendre davantage sur elle :

-”Vos conseils me sont transmis et sachez que je tâcherai d'honorer ce qu'il en retourne. Cependant, il semblerait que mon nom vous est connu, mais j'ai bien la tristesse de voir que ce n'est pas réciproque.”

Son regard d'or aux pupilles éclairs toisa directement ses yeux de ciel.

-”Ce que nous sommes ne nécessite plus de noms ou de prénoms. Car dans l'Éternité dont nous avons été damnée, seuls nos restes font loi. Notre existence est un outrage au Cycle auquel nous avons oeuvré toute notre ancienne existence.”

Tâchant de comprendre au mieux, Dylan prit le temps de bien réfléchir à ce qu'il connaissait sur ces lieux avant de lui répondre tout en rengainant sa lame à son fourreau une fois certain qu'il n'y avait pas le moindre danger.

-”Les spectres de Déïthor, c'est bien ça?”

Elle acquiesça finement de son beau visage.

-”Wis.”

L'Hastane s'empressa ensuite de rejoindre Étincelle qui était étendue dans la boue, quelque peu blessée. Derrière, l'étrange forme spectrale au teint verdâtre flottait de manière sinueuse dans les airs. Le cavalier caressa finement le museau de sa jument, lui murmurant :

-”Tout ira bien, Étincelle. Tu t'en sortiras, je te le promet.”

Le fantôme Daelwëna s'approcha alors esquissant un magnifique sourire.

-”Le lien qui vous unie est fort. Elle comprend et ressent ce que tu veux lui dire. Sa fidélité envers toi sera éternelle, jusqu'à la fin approchante de son Cycle. Étincelle est d'une espèce intelligente et très ancienne, rare des temps actuels.”

Vivement, les paroles du spectre l'affectèrent tel un coup au visage, le sommant à la mise en évidence. Il voyait que l'état de sa fidèle compagne s'aggravait. L'image de la dague de la Nargolith lui revînt en esprit, lui procurant un élan de rage subit alors qu'il suspectait qu'elle avait été imbibée de poison. Tout en appliquant quelques bandages, nettoyant les blessures son destrier, le jeune Vehrion demanda :

-”Sauriez-vous l'aider à récupérer de ses blessures, Dame de Déïthor?”

Elle pencha alors la tête sur le côté, semblant méditer un instant sur la demande. Sa voix mélodieuse perpétuant en écho dans les plaines se fit de nouveau entendre, en guise de réponse :

-”Wis. Nous le pourrions. Notre hymne pourrait bien guérir Étincelle des ravages du poison Reihk-tar. Après tout, d'aussi bonnes volontés envers une des merveilleuses créations d'Aeltisis s'égalisent d'un mérite. Mais en échange, promets-moi d'écouter et de mémoriser le message que j'ai à te transmettre, voyageur d'Ostarya.”

Sans hésiter, Dylan en fît la promesse. La forme transparente sembla alors chantonner un instant, en agitant gracieusement les mains tout en étalant des notes d'un air fabuleux à l'oreille. Un miroir spectral immergea subitement du décor, en un éclat illuminé.

[ https://www.youtube.com/watch?v=opua_MXgtUc ]

-”Dylan Vehrion, porteur de la Sainte Lumière du Juste, ce miroir jouera les dés de ta destiné, la tranchant en deux parties distinctes. Succomberas-tu sous cette nouvelle existence ou en seras-tu le grand maître? C'est seulement en toi que tout cela repose. Seule ta lumière peut t'en sauver, noble Hastane au coeur pur. Voilà le conseil que j'avais à te transmettre.”

L'Hastane leva le regard pour observer le reflet visible dans la glace miroitante, l'air pensif. Il se voyait agenouillé en suintant la bataille ensanglantée, aux côtés d'Étincelle qui était mourante. Différemment, d'imposantes colonnes de flammes s'élevaient derrière, en arrière-plan..

-”Je présume que ces paroles m'amèneront signification le moment venu seulement?”

Le fantôme angélique acquiesça simplement, en guise de réponse.

-”Meldis, dans ce cas. Je vous fait la promesse que ces mots illumineront mon esprit le moment opportun.”

Dit-il, en inclinant respectueusement le chef, une main au coeur. Un second sourire magnifique gracia les lèvres invitantes du minois du spectre alors qu'elle hocha du chef. Haussant une main, une fine étincelle de lumière fît son apparition au creux d'une des paumes de la Feu-Daelwëna.

[ https://www.youtube.com/watch?v=HVzedrpeoao&feature=related ]

http://sicilianvalkyrie.deviantart.com/art/Lady-Sylvanas-the-Bansidhe-113978946

Spoiler:

-”Maintenant s'entame la prestation des Choristes des Grands Hymnes d'Aeltisis ... Même la damnation et le châtiment dont nous sommes affligés ne saurait atténuer la valeur grandiose qu'a ce chant pour nous. Dans l'Éternité dont nous souffrons, perpétuellement, les préceptes du Cycle perdureront intégralement dans notre coeur éteint et notre âme dissoute. Que ce chant amène la guérison, pour qu'une fois de plus, l'existence se prolonge pour se renouveler. Voici notre présent, Dylan Vehrion' d'Ostarya, de nous, qui ne sommes plus ...”

S'en suivit alors d'un prélude d'un chant mélodieux qui faisait abstraction majeure aux sombres paroles que la choriste venait de prononcer. Après la prenante introduction si merveilleusement bien performée, plusieurs tons naquirent en choeur, alors qu'une dizaine de silhouettes masculines et intangibles se formèrent dans la plaine boueuse. Tous étaient étrangement vêtus d'une manière similaire, comme s'ils appartenaient au même groupe. De petites sphères illuminées d'un blanc pur émana alors de leur chorégraphie hypnotisante et de leur hymne mystique. Celles-ci planèrent alors lentement vers le centre du demi-cercle que les autres spectres -étrangement tous masculins- avaient créé de par leur position respectives. Les particules sphériques s'assemblèrent lentement, circulant autour de la Daelwëna qui entamait son propre passage, en solo. En un instant, alors que la note atteinte par la choriste se prolongeait sur un ton aigu, les matérialisations illuminées se cramponna à sa silhouette, définissant ses traits d'un blanc éclatant.

À la fois fasciné, mystifié et intrigué par la cérémonie, Dylan était prit dans une immobilité indétrônable. Pas même un seul clignement de yeux ne se fît voir alors que le spectre illuminé passa près de lui pour s'agenouiller aussi aux côtés de la jument agonisante. Cette fois, le cavalier fût contraint à fermer son regard car la matérialisation illuminée qui trouva naissance lorsqu'elle posa les paumes sur sa fidèle alliée s'avérait trop intense pour l'oeil nu. Rapidement, par sureté, il couvrit ses yeux d'une de ses mains.Celle qui demeurait sur la poitrine d'Étincelle lui permit aussitôt de constater que les battements de son coeur reprenaient de son rythme naturel. Il rouvrit les yeux pour témoigner qu'il se retrouvait maintenant tout à fait seul, en compagnie de sa jument qui semblait reprendre de sa vitalité. Prestement, après une légère caresse chaleureuse à la crinière, l'Hastane s'empressa d'achever de fixer les bandages aux fines mais profondes blessures. Pendant ce temps, il refît un récapitulatif sur ce qui venait de se passer.

La mi-nuit s'éteignit pour annoncer l'aube très rapidement, le moment précis où le cavalier harnachait son destrier pour entamer le galop vers Citria, une fois le camp levé. Les galops d'Étincelle battaient fortement les mottes de terre sèches, parcourant des distances surprenantes en un temps limité. La jument semblait au meilleur de sa forme ce matin-là, de toute évidence. C'est ce qui permit au chevaucheur d'arriver aux portes de la Blanche juste pour le repas du soir. Malgré son ventre qui criait famine, Dylan prit le temps de descendre du harnais pour se tenir aux côtés de son alliée de toujours et de simplement contempler l'enceinte majestueuse de la grande Citadelle.

Et voilà donc que débutait l'aventure d'un Hastane et sa jument, au milieu d'un univers qu'il leur était quasiment inconnu ...

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Un sombre reflet cauchemardesque.

[ Musique d'ambiance : https://www.youtube.com/watch?v=9SNW6BdDUzg ]

Les derniers éclats de l'astre solaire s'éteignaient dans l'horizon, rehaussant la clarté du ciel de nuit d'un bleu indigo. Étendu sur une mince couchette improvisée, un Hastane au regard similaire contemplait le spectacle. La soirée d'automne était agréable. Ni trop fraîche ni trop chaude. Autour, la végétation se mourrait, s'abandonnant à leur funeste destin qui reprenait tôt vie au printemps. La journée avait été éreintante pour Dylan, à peine revenu d'une petite expédition dans la Grotte des Trolls près de Citria. Le Chevaucheur avait grandement besoin de repos. Il devait laisser récupérer les quelques blessures qui parcouraient sa chair. C'est ainsi qu'il ferma les yeux, délaissant alors le crépuscule de la réalité pour s'abandonner au néant des rêves ...

[ https://www.youtube.com/watch?v=EBGvtkVVas0&NR=1 ]

À peine plongé dans l'illusion de ses songes ensommeillés, une série d'images sporadiques se jeta dans le flanc de son esprit. Sa respiration s'accéléra soudainement, faisant constamment hausser son torse finement découpé. De longues colonnes de flammes se déhanchaient sous d'épaisses couches de fumée provenant de la destruction de maints domaines, présents ou personnes qui lui étaient chers. En permanence, un écho lointain apparaissait tels les hennissements stridents, tordus de douleurs, qui étaient loin de lui être inconnus. Subitement, le mur enflammé se déchira devant lui pour laisser passer un épais et large miroir scintillant en forme d'ovale. L'illustre contour métallique était d'un matériau mystique qui lui aurait été inconnu il y a quelques mois, juste avant son arrivée en Citria. Le reflet qu'il laissa paraître n'était pas le sien, bien que plusieurs traits encore intacts, non lacérés ou mutilés témoignaient encore le contraire. De multiples coupures arboraient aussi l'ensemble de son corps, ayant tôt fait d'endommager ses vêtements habituellement si propres. Cependant, ce qui troublait le plus de ce reflet contrasté, était ses yeux ensanglantés qui avaient tout d'un regard haineux, imbibé d'un seul désir de vengeance. La dernière chose qu'il pu voir de ce cauchemar était le miroir majestueux qui éclatait et les pointes de verres foncer vers lui signant l'avènement de son réveil brusque qui lui coupa le souffle, lui donnant peine à récupérer.

Et dans les ténèbres infinies de la nuit, un oeil fourbe et maléfique fixait l'individu qui venait tout juste de se réveiller en sursaut ...