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 [BG Léonore] A Chaque Vertu, Un Sentier.

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Léonore R. de Castelcerf
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Léonore R. de Castelcerf


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MessageSujet: [BG Léonore] A Chaque Vertu, Un Sentier.   [BG Léonore] A Chaque Vertu, Un Sentier. Icon_minitimeMar 20 Avr 2010, 8:49 pm

_Huit Mois Auparavant_


    « - C’est ton anniversaire, aujourd’hui. Una ? »

    Léonore garda un silence religieux. Ses petits doigts s’affairaient à préparer divers ingrédients. Elle tressait en outre, les longues gousses d’ails, pour en former une botte bien solide. Elle ne daigna pas relever ses précieuses prunelles sur son interlocuteur. Aussi, il n’insista pas et se dirigea près de la petite fenêtre, pour admirer les cordes d’eau qui s’abattaient sur le sol impitoyablement : rejetées par le ciel coléreux. Les bras croisés sur sa poitrine, il s’appuyait d’une épaule sûre contre le mur.

    « Joyeux anniversaire, alors. »

    La jeune fille le remercia car la politesse l’y obligeait : après tout, elle n’allait pas oublier ses dix-huit années d’éducation sur la route d’un long et périlleux voyage. Elle appréciait sa présence. Oh oui, combien elle était réconfortante. Elle reposa sa besogne, demeurant attablée pour préparer son prochain ouvrage. Il lui enseignait bien, et elle mettait tant de cœur à la tâche. Néanmoins, un imperceptible sentiment l’empêchait d’aller plus en avant. Il la protégeait et s’occupait d’elle de la manière la plus convenable qu’il fût. Et cette impression, qu’elle avait là, nichée au fond de son petit cœur, lui dictait - par exemple, de toujours demander à ce qu’il prenne des chambres séparées lors de leurs nombreuses haltes en Auberge. Jamais, il ne l’avait importuné à ce sujet. Parfois la nuit, lorsque la cloison entre les deux chambres était assez fine pour le permettre : il entendait les prières de la jeune femme adressée à ses Dieux. Il n’en riait pas, mais trouvait cela suffisamment étrange pour que la situation lui paraisse exceptionnelle.
    Le nargolith changea de place, en se mouvant avec sa grâce habituelle. Positionné à présent de l’autre côté de la table, en face d’elle : il se pencha pour l’arrêter dans son geste. Obéissante, Léonore posa son couteau et une écaille de dragon qui luisait à la faible lueur d’un chandelier aux bougies presque consumées. Elle hésitait à le regarder et par deux fois, manqua de le faire, battant rapidement ses cils. Il ne parut point s’en soucier. Capter les jolies yeux de son élève n’avait jamais été un problème pour lui; il y arrivait toujours quand il le souhaitait - ce n’était pas forcément le cas présentement

    « -Inutile de te fatiguer encore plus. Tu ne feras que t’épuiser. Demain, une longue journée nous attend. Tu sais bien que je devrais sans cesse veiller sur toi et te protéger durant la chasse. Pendant que tu observeras. » déclara-t-il de sa voix grave et suave.

    Elle n’avait rien à redire. Oh, elle était la meilleure pour battre en retraite quand il le lui ordonnait et serrant ses petites mains bien soignées l’une contre l’autre, au niveau de sa poitrine : elle ne pouvait que prier pour lui, et accessoirement pour elle. Pourtant, une envie immense de répliquer brûla sa gorge et déchira ses lèvres : « Mais, vous vous mettez toujours en danger, si bien que vous m’inquiétez. Vous refusez que je vous soigne si vous souffrez… » Ces mots restèrent à l’état de simples pensées, mais elle savait que s’il croisait ses yeux, il pourrait les déchiffrer. Calmement, il lui caressa le sommet du crâne, en effleurant de ses longs doigts effilés et pâles sa chevelure faite de fins firmaments d’or.
    Et il s’en alla après les politesses pour prendre congé d’elle. Pour lui, néanmoins, il n’y aura plus de lendemains. Car dès l’Aube levée, on lui ôta la vie sous les yeux terrifiés de la belle Léonore - qu’on épargna sans doute pour sa trop grande naïveté.

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Léonore R. de Castelcerf
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MessageSujet: Re: [BG Léonore] A Chaque Vertu, Un Sentier.   [BG Léonore] A Chaque Vertu, Un Sentier. Icon_minitimeLun 26 Avr 2010, 3:57 am

_Six Mois Auparavant_

    « Le révérend Parris veut te voir, c’est urgent qu‘il dit! » s’exclamait une voix suraigu qui appartenait à Esther, une petite fermière en pleine fleur de l’âge. Elle détaillait Léonore de ses prunelles ambrées où se lisait la plus grande des angoisses. A peine réveillée, la jeune blonde assimilait les informations puis d’un bond, quitta sa couche de paille. Elle tourna en rond dans la Grange qui lui servait de toit de fortune, à la recherche d’un pichet d’eau pour une frugale toilette mais son interlocutrice ne lui laissa guère plus le temps de se rendre compte que cette foutue cruche avait disparue et la traîna d’une poigne ferme vers la basse-cour de la maison forte du Village.

    Léonie tentait, en chemin, d’arranger un peu sa coiffure ou du moins, d’enlever avec difficulté tous les brins de pailles qui s’étaient coincés dans ses très longues boucles d’or. Encore en robe de nuit, elle écarquilla les yeux en constatant que son départ précipitée de la Grange, ne lui avait même pas accordé le luxe d’enfiler des sandales. Ses petits pieds nuits battaient la terre meuble, et les poules caquetaient, affolées, avant de se jeter sur le côté pour ouvrir le passage aux deux femmes. L’église était un peu plus haut sur la motte et dominait le village de son grand clocher de pierre; le Village étant pauvre, la plupart des habitations - dont la Maison-forte étaient faites de bois et de terre. Elle remarqua avec appréhension le calme inhabituel qui régnait dans les environs. Pourtant le soleil était déjà haut dans le Ciel, et à ces heures-ci, déjà, elle était réveillée par les rires des jeunes paysannes qui partaient aux champs où du forgeron qui hurlait sur le palefrenier pour quelques histoires de deniers perdus hier à la taverne du coin.

    Le Révérend Parris était un homme d’un âge mur, mais encore jeune pour ses fonctions de pasteur. Il avait été nommé dans ce Village quelques années auparavant et rencontrait toujours la même difficulté à se faire accepter des autres. Sa paie ne lui revenait pas, ou que par la générosité de quelques paysans qui soutenaient sa cause. Mais aujourd’hui, c’était un homme inquiet, à la maigreur terrifiante et au faciès famélique qui attendait Léonore aux portes de l’Eglise. D’un geste agacé de la main, il renvoya la fermière sans même la remercier, puis posa ses yeux petits yeux marrons sur la douce Léonore.

    « -Vous me demandiez, Révérend ? » demande-t-elle, peu sûre.
    « Qu’Odéon nous garde tous, j’ai bien dit tous…du malheur qui s’abat aujourd’hui sur nos têtes…. » maugréa-t-il.
    « Que… » commença-t-elle, écarquillant les yeux avant qu’il ne la coupe soudainement en grippant son bras. Sous la nervosité, il le serra tellement fort, qu’elle sentit ses doigts osseux meurtrirent sa chair. Elle grimaça, mais se garda de faire toute réflexion.
    « -Nisi, ne parle guère Léonore. ».

    Sa voix rauque était suave comme s’il tentait vainement de la rendre humaine. Néanmoins, elle comprit. Il lui suffisait de lire le regard de ce pauvre clerc ; et la terreur de Léonore prit alors un autre tournant qui fit battre son cœur au rythme de la profonde angoisse que chacun éprouvait face à un châtiment inexorable.

    « -Les pesteux… »souffla-t-elle en arquant ses sourcils plongeant son adorable minois dans les eaux sombres de la détresse. « Ils sont de plus en plus nombreux, c’est cela ? Vous n’avez nisi réussi à mettre les premiers cas en quarantaine…vous… »

    Son souffle se faisait plus rapide, contractant sa poitrine en d’indécents soubresauts. Il la sondait de son regard inquisiteur, un regard qui lui hurlait : J’ai échoué, lamentablement…j’ai échoué et tu vas échouer avec moi. Et s’il avait cru y déceler un brin de folie ; une de ces folies qui guette les hommes happés par le gouffre du désespoir, il n’en démontra rien en répondant calmement :

    « -Je les ai rassemblé dans l’Eglise. Cette nuit. Il en arrivait de tout le Village et des hameaux voisins. » expliqua-t-il vivement.

    Poliment, elle se dégagea de l’emprise maladive qu’il avait sur son bras. Il paniqua alors comme si elle tentait de s’enfuir et tendit à nouveau sa main crochue pour s’agripper à elle. Gentiment, elle s’esquiva et fronça les sourcils. Il la supplia alors, de ne pas les laisser ainsi, de ne pas repartir alors qu’ils lui avaient généreusement accordé un toit et un droit d’asile. Qu’elle ne devait pas oublier ces deux mois passés ici. Qu’aucun d’entre eux ne l’avaient questionné sur ses origines, son passé et qu’aucune d’entre elles, encore, n’avaient lancé de vaine rumeur à son propos. Elle devait point oublier ce que tous avaient accompli pour qu’elle puisse trouver un refuge à sa hauteur ici. Néanmoins, accordé si peu de confiance en elle était fortement se tromper. Léonore savait bien l’énorme dette qu’elle devait à ce Village depuis la nuit où il l’avait accueilli en son sein. Elle comptait payer sa dette faite de sacrifice pour autrui. Elle allait l’aider. Le Révérend tira de sa poche un mouchoir de soie brodé de prières. Volontiers, elle le prit avant de se couvrir le nez et la bouche avec. Ce ne fut que couverte de cette modeste protection, qu’elle pénétra dans le lieu Saint.

    Et il lui semblait que jamais, elle n’avait vu d’église plus sombre, et plus affectée par le mal qu’en celle-ci. Les étroites fenêtres avaient été condamnées par des planches; car les villageois contaminés craignaient dès lors toute lumière chaude qui leur brûlait la peau. Elle se signa néanmoins, murmurant dans son mouchoir, quelques louanges à Adaelle, avant d’avancer dans la travée principale encombrée de corps. Elle devait les enjamber tant ils étaient disposés partout, parfois les uns chevauchaient les autres. Quelques-uns gémissaient, ou se tordaient de douleurs. D’autres encore restaient désespérément immobiles ce qui terrifia grandement la jeune fille. Morts ? Des Morts! Et personne n’avaient eu la présence d’esprit de les évacuer : mais sa petite colère céda place à une grande compassion et elle se tourna vers le Révérend qui la suivait. Il était seul pour gérer cette crise. Elle n’allait pas l’accabler de reproches. Elle s’agenouilla près d’un enfant emporté par la fièvre, qui délirait tout contre le cadavre de sa mère. Avec la plus grande délicatesse, elle l’en détacha sous les yeux brillants de l’homme religieux qui demeurait dans son ombre. Léonore posa lentement sa main soignée sur la gorge de l’enfant, l’enserrant sans trop lui faire de mal, puis se pencha sur lui pour fixer ses yeux. Toujours contre le tissu de son linge, elle chuchota quelques mots…qui n’avaient plus rien en communs avec des prières. Sa longue chevelure dorée se souleva sous l’effet d’une brise étrangère. Le Révérend ne saurait dire si cette opération dura quelques minutes ou des heures, mais une fois accomplie, le garçonnet allait mieux. Son pouls était régulier, sa fièvre avait baissé. Rimbaldi lui demanda poliment de prendre l’enfant et de le mener hors de l’église. Puis, de la même manière, elle alla en guérir un autre, qu’elle porta elle-même hors du sanctuaire. Parris vint l’aider, avant qu’elle ne s’effondre, vidée de son énergie.

    Son sommeil dura trois jours, durant lesquels, elle ne vit guère les charrettes empilées de cadavres sortir du Village, et les autres chargées de malades arriver des campagnes voisines. Ces macabres cortèges, elle en rêva pourtant depuis sa longue léthargie. Ce fut Esther qui, à nouveau, l’accueillit à son réveil. Elle était accompagnée de Parris qui parfois venait veiller la petite aux allures trop nobles pour être une paysanne des environs et à la modestie trop naturelle pour être une citadine de la Blanche. Alors qu’elle se forçait à goûter au repas préparé par la fermière à son intention, toujours assise sur sa couche, ils parlèrent des deux garçons qu’elle avait soigné grâce à sa magie.
    « -Mon pouvoir ne va guère au-delà. Je ne saurais Tous les guérir…. » reconnut-elle avec tristesse.
    Parris se pinça les lèvres, et baissa son visage avant de secouer son chef.
    « -Deux Inquisiteurs sont venus tôt ce matin, pour se charger de l’épidémie. »

    Elle renversa son plateau, la nourriture s’éclatant par terre, alors qu’elle courrait hors de la Grange, affolée. Parris ne la retint pas. Il comptait se donner la mort au coucher du Soleil. Il s’était su maudit dès son arrivée dans ce Village à forte population du Nord de l’Hastanie, tout près de la frontière avec les terres serviles du Mortulum. Les raids Gorlaks étaient parfois fréquents si les soldats qui gardaient la limite se voyaient défaillir. Cette région de l’Hastanie, proche des terres de noirceurs regorgeaient de légende et c’était la tête pleine de préjugées que le Grand Prêtre était venu officier ici. Léonore courait alors que le Soleil achevait bientôt sa course dans un ciel orageux. Plus loin des éclairs rythmaient sa course, et le tonnerre vibra timidement : en provenance des provinces voisines. Elle manqua de se faire renverser par un de ces chariots pleines de morts et le fossoyeur lui hurla quelques jurons, visiblement il s’était saoulé toute la journée. S’excusant tout de même, elle fit plus attention et arriva aux portes de l’Eglise où deux hommes couverts d’une toge moniale patientaient. Néanmoins, on distinguait facilement, sous la toile foncée de l’habit, l’étincelante armure des Inquisiteurs. Et le fourreau de leur longue épée n’était sûrement pas là un signe d’apparat. Leur capuche ample ombrait leur visage, rendant toute tentative de reconnaissance impossible. Son cœur loupa de longs battements lorsqu’elle les vit s’introduire dans l’Eglise.

    Elle n’eût pourtant pas le courage de les suivre, demeurant sur le chemin menant au temple. Le vent balaya ses longues mèches blondes, et sa robe de nuit blanche qui épousa ses formes prononcées. Elle était persuadée, depuis sa position de Vénus de marbre, qu’elle entendrait les cris suppliants des pauvres malades, mais le silence régna pendant une longue heure jusqu’au moment où les portes s’ouvrirent à nouveau sous les deux ombres du Clergé. L’un des deux rengainait son épée encore fumante dans son fourreau. Elle n’avait guère pu empêcher le massacre, tout comme elle avait échoué dans l’enrayement de l’épidémie qui un matin d’été s’était propagée comme de la poudre sur le village et son territoire. Ils mirent simplement feu à l’église. Léonore refoulait ses larmes. Elle avait honte de comprendre leur geste, alors qu’au fond, elle avait su que c’était là, une des seules solutions pour arrêter la maladie de se propager. Ils enfourchèrent leur noble monture, armurées également et s’éloignèrent du bâtiment qui demain ne serait plus que cendres chaudes. Arrivant à sa hauteur, ils s’arrêtèrent et l’examinèrent longuement. Ils cherchaient des tâches sur sa peau qui la rendraient tout de suite coupable et condamnable. Et ils durent se rendre à l’évidence qu’elle était aussi saine qu’eux. Celui à sa droite abaissa sa coiffe, pour découvrir un visage admirablement jeune et beau. Il avait des cheveux longs, cendrés qui retombaient par mèches rebelles sur ses yeux noisette pailletés de vert. Faisant preuve d’une grande galanterie, il lui tendit une main gantée de fer. Elle hésita un instant jusqu’à ce qu’il s’adresse directement à elle :

    « -Il n’y rien ici pour vous, Demoiselle. Pouvons-nous vous mener dans des contrées plus joyeuses ? »
    Elle secoua la tête, reculant d’un pas avant de ravaler péniblement sa salive au goût amer.
    « Nisi, meldis. Mais je vais plus au Nord. Dans une bourgade peu connue où ma famille réside. » souffla-t-elle en baissant honteusement le visage. Elle ne les voyait plus, mais imaginait parfaitement le jeune Inquisiteur lancer un regard à son aîné, demandant visiblement une permission qu’il dût lui donner.
    « -C’est justement notre route. Nous pourrions vous escorter. La frontière est fragile en ces temps de presque guerre. Ils ne nous seraient pas permis de laisser une fille d’Adaelle se promener seule jusqu’au Nord. »
    Que pouvait-elle répondre de plus à cela ?



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Léonore R. de Castelcerf
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MessageSujet: Re: [BG Léonore] A Chaque Vertu, Un Sentier.   [BG Léonore] A Chaque Vertu, Un Sentier. Icon_minitimeMer 05 Mai 2010, 4:08 pm

_Matinée Banale_


    Matines.

    Léonore finissait son réveil, après une toilette simple, par le geste pieux de mettre un voile transparent sur sa tête : recouvrant son visage encore marqué par les étreintes de Morphée. C'était la nuit, peu avant le matin. Et alors que ses pas résonnaient froidement sur le pavé de Citria, les rédempteurs s'échangeaient les relèves. Ceux de nuit rentraient dans leur famille et ceux de jour quittaient les leurs pour les remparts et les chemins de ronde. Certains la saluaient, reconnaissant sa frêle silhouette. Elle ne leur répondait pas, et c'étaient bien les seuls moments de sa vie où elle brûlait la politesse. Fermée et inexpressive, intouchable derrière son voile, elle se présentait aux portes de la cathédrales ouvertes en tout heure et tout temps pour les rares dévotes comme elle.

    Mais quelle ferveur aujourd'hui ? Léonore avait tellement peur d'être habituée au mécanisme qui chaque nuit, peu avant l'Aube rose, la réveillait pour effectuer une besogne : tel un automate. Cette possible réalité la terrifiait. Loin de toute foi et de toute ferveur religieuse. Néanmoins, une fois enveloppée par la douce chaleur qui régnait à l'intérieur du Temple doutes et craintes s'apaisaient pour disparaître. L'odeur des chandelles parfumées, la présence rassurante des paladins et surtout, surtout le chant religieux des moines qui appelaient le Soleil : cadeau d'Odéon.

    Elle ne se joignait guère à eux, puisqu'elle restait séculière et temporelle, mais elle se faisait un plaisir de prier avec application devant l'autel. Et sa prière rituelle n'avait que peu changé depuis le Couvent. D'abord, elle se signait, murmurant des louanges au Circan puis ses prières s'adressaient par la suite à Chaque Cilias, et chaque Entité. Après une heure de dévotion, l'Aube approchait ses doigts ruisselant de rosée sur Citria. Le Grand Prêtre la confessait alors, bien qu'il n'y eût guère grand péché à pardonner.

    Et alors, seulement, elle s'en retournait au Manoir.


    L'Aube.

    Au Manoir, elle tentait de réveiller le moins de monde possible. Il était encore tôt, et même si parfois, elle croisait Jésabel ou Lorelei : elle n'échangeait avec elle que quelques mots. Et sa journée ne faisait que commencer, pourtant les charges s'accumulaient déjà. Elle buvait un grand verre de lait frais, croquait dans une pomme et allait s'occuper du linge. Les quelques domestiques du Manoir se comptant sur les doigts de la main pour des services aux écuries et au jardin. Le linge et la cuisine incombaient la plupart du temps à la maîtresse de Maison, et à elle. Bien que Jehanne ne rechignait jamais à mettre la main à la pâte, Léonore préférait éviter à ses deux jeunes soeurs la perte de temps qu'engendraient les corvées ménagères; aussi pouvaient-elles se concentrer sur leur apprentissage respectif.

    Corbeille de linge sous le bras, la jeune fille quittait le Manoir pour se rendre aux lavoirs. Elle traversait une partie de la périphérie de la ville. Les lavoirs Sud se trouvant près des écuries. Déjà les rayons de soleil mordaient avec avidité les paysages communs de l'Hastanie. De nombreuses femmes comme elle, empruntaient ce chemin si tôt pour blanchir les vêtements. la plupart d'entre elles étaient des lavandières de profession, aussi jeunes soient-elle. Des filles simples et modestes, dont les parents étaient paysans ou domestiques. Et sur le sentier des lavoirs s'animait la vie quotidien de Citria. Les artisans arrivaient avec leur chargement, les commerçant avec leur caravanes. On entendait les rumeurs s'élever et franchir les imposants remparts. Les cris des Rédempteurs qui tentaient de réguler entrées et sorties puisqu'à ces heures-ci de pointes c'était le grand capharnaüm.

    Les lavoirs Sud étaient très grands, assez au moins pour accueillir une quinzaine de blanchisseuses. Chacune avait sa place, et Léonore avait dû dans les premiers temps, s'imposer au risque de s'attirer l'inimité des autres. C'était un très joli endroit : où les jets d'eau remplissaient des bassins de pierre architecturés. Le lieu était protégé par une toiture aux tuiles d'ardoise noire et quelques végétations venaient pousser aux pieds des imposants poteaux de bois et de pierre qui soutenaient les charpentes.
    L'eau était toujours froide, mais très pure et transparente. On voyait le fond du bassin vernis d'un enduit à base de chaux. Léonore s'agenouillait alors sur une marche qui devançait le bassin et jetait le linge à l'eau, retroussant les manches de sa robe rapiécée. Elle subissait en silence les regards pesants sur sa personne et prenait une poignet de cendres qu'elle frottait sur les vêtements. Elle avait peu de force, et ses joues s'empourpraient facilement sous l'effort. Puis elle rinçait, frottait et recommençait avec d'autres linges, avant d'essorer le tout à l'aide d'un battoir.
    Cette tâche lui réclamait bien une heure, voire deux en fonction de la quantité du linge. Souvent, comme aujourd'hui, elle supportait les bavardages incessants des autres femmes qui se gardant de la critiquer ouvertement, s'en référant plutôt à des rumeurs actuelles. Les commérages amusaient parfois Léonore, et d'autres ils la chagrinaient. Puis parfois, les rares Ecuyers venant chercher les montures de leur Maître passaient devant les lavoirs et de quelques mots bien courtois faisaient rougir les jouvencelles sous le regard envieux des plus vieilles.

    L'heure suivante, elle la passait à lire un roman distrayant, en attendant que le linge qu'elle avait soigneusement étendu sur les terres proches du Manoir sèche convenablement. Et avec le soleil estival, cela ne durait guère plus de cette heure-là. Un temps largement suffisant pour qu'elle finisse ce livre de chevet qu'elle transportait avec elle depuis des années. Il était corné, mais lui fut offert par sa grand-mère...et tenait lieu de relique dans sa jeune vie.

    Le Grand Matin

    Cette fois-ci, au Manoir tout le monde était réveillé. Les cuisines s'activaient déjà pour préparer le déjeuner lorsque Midi sonnera. Léonore rangea le linge, avant de prendre un bain. Elle aimait flâner dans la baignoire, pensive. C'était son seul moment de relaxation de la journée. Elle pouvait détendre ses muscles brûlés par les mouvements répétitifs de la lessive. Aussi, elle en profitant pour somnoler quelques instants, rattrapant la nuit qu'elle n'avait pas fini. Mais l'eau étant chaude, s peau finissait toujours par rougir gravement lorsqu'elle s'oubliait trop longtemps. Généralement, ce moment de simple bonheur était interrompu par Jehanne ou Lorelei qui désiraient à leur tour, se toiletter.
    Mais c'est bien volontiers qu'elle leur cédait la place. Le bain l'ayant visiblement tout autant fatiguée que la corvée du linge.
    Elle réservait le reste de la matinée à sa correspondance. Au cours de son voyage elle avait fait de nombreuses rencontres et lié autant d'amitié qu'elle désirait entretenir pour des raisons pratiques ou par simple volonté. La plupart rédigeaient leur dialogue épistolaire le soir, à côté du foyer. Mais lors de l'ascension du Soleil à son zénith, Léonore avait les idées plus claires, les pensées mieux ordonnées et les sentiments épurés de toute fioriture.
    Certaines matinées étaient plus prolifique que d'autres - mais celle-ci ne vit s'écrire qu'une seule lettre.




Dernière édition par Léonore R. de Castelcerf le Ven 03 Sep 2010, 7:53 pm, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [BG Léonore] A Chaque Vertu, Un Sentier.   [BG Léonore] A Chaque Vertu, Un Sentier. Icon_minitimeMar 11 Mai 2010, 1:30 pm

_Extrait de Correspondance_

Citation :

Chère Léonore,

Je vous suis humble et dévoué, premier servant de votre pieuse personne. Les journées sont mornes dans le Nord que je ne quitte plus depuis notre adieu. Rien n'égaierait plus mon cœur que de pouvoir, un instant, profiter de la lumière chaleureuse que répand votre chevelure d'or.

Ici, tout empire. Le deuil de mon Maître Aîné, l'Inquisiteur Charles Tallis, ne semble point prendre fin. La vengeance ronge mon être aux heures les plus sombres de la nuit où la lune disparaît derrière son linceul de nuage. Je suis à présent seul pour accomplir la mission qui nous fût donnée. Je mourrai en honorant mon devoir, ou vivrai dans l'oubli. La solitude m'étreint, suintant sous les plaques de mon armure, jetant au creux de mon oreille des murmures enivrants que mon esprit boit jusqu'à l'ivresse.
Les résultats de mon enquête jettent sur moi la peine la plus grande.
J'ose vous implorer, douce Léonore : Priez pour moi, dans la chaleur de notre belle Cathédrale citrienne. De votre coeur pur et humble, offrez-moi les grâces d'Adaelle et la pitié d'Odéon. Invoquez ma réussite dans les divers temples. Dans cette quête je serai votre Champion.
Saurez-vous me pardonner à jamais, le massacre commis pour abattre le fléau pesteux ?

Pour l'Hastanie,
Pour notre Roy,
Pour notre Cilias,

Votre dévoué servant,
Johann de Moulin-Revient,

Inquisiteur.


Citation :

Valeureux Inquisiteur,

Je fus émue de recevoir une lettre marquée d'une aussi profonde tristesse. Votre requête est mille fois entendue, et mes prières vous sont adressées.

Je n'oublie point le courage dont vous avez fait preuve aux heures les plus graves de notre périples vers l'extrême Nord de l'Hastanie. Et La mort malheureuse de votre Maître qui fut orchestrée sous mes yeux impuissants. Mais votre bravoure me libéra des chaînes les plus noires. Aussi, votre intelligence et votre talent à maîtriser les illusions compensa de loin la maîtrise des armes qui parfois s'avèrent inutiles.
J'ai pleine confiance en vous et en votre réussite. Je pourrais vous remettre ma vie sans hésitation, aveuglée par la foi que je vous porte. Ma profonde amitié vous est acquise.
Mais de grâce, ne périssez pas. Votre vie vaut milles fois la mienne. le Royaume a besoin d'hommes de votre trempe. Vous êtes un de ces génies bénis et je vous pardonne, sincèrement, la mise à mort de ces gens tourmentés par la maladie. Je vous pardonne cet acte de bonté. Puissiez-vous, en retour, pardonnez ma faiblesse qui conduisit à la perte de votre maître.
Embrassez votre destinée sans crainte,

Qu'Odéon vous ouvre les chemins de sa justice,
Qu'Adaelle vous protège de sa grâce..

Votre loyale servante,
Léonore
.
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MessageSujet: Re: [BG Léonore] A Chaque Vertu, Un Sentier.   [BG Léonore] A Chaque Vertu, Un Sentier. Icon_minitimeSam 18 Sep 2010, 9:49 am

_Le Parfum_


La petite cloche retentit. Derrière son comptoir, le vieille homme daigne à peine lever les yeux. Il peste plutôt contre cette visite si matinale. Un peu trop matinale. Le nouvel arrivant erre dans l’échoppe. Ses pas sont lents et son souffle presque inexistant. Le plancher grince sous son poids.

« Bon, alors qu’est-ce que vous cherchez ma petite dame ? » finit-il par demander, en se levant de son tabouret à un pied.

Il boîte, son pied droit se traîne lourdement au sol. La cliente ne réagit pas; elle continue sa progression à travers le magasin. Ses yeux se posent sur les différentes fioles et flacons qui recouvrent les étagères poussiéreuses. Son choix finit par s’arrêter sur une petite bouteille de verre grossier et opaque. Il plisse le regard.

« - C’est cent pièces d’or. On en trouve plus sur les landes. Le dernier à avoir été capable d’en produire est mort bêtement . Crache-t-il froidement.
 - Je vous la prend.  déclare-t-elle doucement, se tournant vers lui.»

Il l’observe, du moins il observe ce qu’il en peut. Elle est recouverte d’un grand manteau de velours et de son visage, il n’aperçoit que les lèvres pourpre et gercées. Il hausse les épaules regagnant sa caisse paresseusement. Elle hésite puis effectue son achat.

En cette matinée brumeuse, aucun habitant du village de Lys-En-Sylve n’aperçut la douce Léonore sortir de la miteuse échoppe de Jacob le parfumeur. Excepté peut-être ce grand clerc encapuchonné, qui l’attendait un peu plus loin sur le chemin menant à la sortie.

« - De l’eau de rose ? » s’étonne-t-il, découvrant son visage mature marqué par quelques rides audacieuses.
- Meldis pour votre aide, Père Simon. »

Elle est très solennelle. Il s’incline alors, préférant couper court aux questions. Il tend galamment sa main qu’elle prend de la sienne gantée. Au bout du chemin, devant les portes de la ville, deux destriers les attendent et après avoir aidé la jeune femme à monter la jument, il se hisse sur son cheval. Le village s’éveille à peine lorsqu’ils chevauchent loin, vers la Cité Blanche. A ce rythme, le voyage ne dure pas plus de trois jours, et une nuit. Arrivée au Manoir, Léonore est épuisée, mais elle serre précieusement la bouteille contre sa poitrine, juste sous les pans de la cape qui la recouvre. Le prêtre est cordialement invité à se reposer en la demeure Ambrosius, mais il décline modestement. Du travail l'attend au Prieuré du Sud, aussi boit-il un peu et s'en retourne-t-il.

Une fois la porte refermée, des cris enfantins l'accueillent. Louen joue encore au Chevalier et arrive sur elle en courant, brandissant une grossière épée de bois. Elle s'agenouille et ouvre ses bras pour le réceptionner. Le môme de se fait pas prier pour se presser contre le corps chaleureux de sa grande soeur.

"- Alio, mon coeur.
- Alio Léonore! Dis, dis, je peux aller au port avec les copains ? On va pêcher!"

Elle semble incertaine, puis se redresse. Sa tête n'est plus recouverte, et son petit frère peut admirer ses cheveux bouclés emmêlés par le trajet, et son visage dévoré par l'épuisement. Pour lui répondre, elle se contente d'un hochement de tête. Il laisse tomber son épée de bois et court à la porte, tout fier.

"-Mais fais attention...
-Humm, hmm. Léonore? héla-t-il alors.
- Haec ?"

Il fronce les sourcils et porte une de ses petites mains à son propre nez, soucieux.

"-Tu...là..."

Elle amène alors ses doigts gantés de velours sous sa narine droite et y recueille un peu de sang qui l'étonne. Devant, Louen, elle cache sa perplexité, s'efforçant de sourire.

"Ce n'est rien! Allez, va jouer. Ne rentre pas tard..."

Et il disparaît, rassuré. Léonore, elle, l'est moins. C'est avec difficulté qu'elle enjambe les marches du grand escaliers de la demeure. Elle trouve refuge dans la salle de bain, qu'elle prend soin de verrouiller. Déposant la bouteille d'eau de rose sur le marbre du bain, elle considère son reflet dans la glace. Son hémorragie ne semble pas grave; c'est un maigre filet de sang qui coule de son nez. Elle se penche pour ouvrir les placards d'une petite commode et derrière les linges propres, elle sort un petit flacon vide. Elle transvase donc l'eau de rose dans le flacon doré, avec soin. Mais sa vision est trouble, et elle laisse échapper quelques gouttes sur le marbre, par inadvertance. Toute de suite, l'air de la pièce se charge d'un parfum de rose poignant.

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