Anais D'Alvènes Entre vertue et abandon

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Les attaques gorlaks se multipliaient, le tout devenaient plus qu'un simple problème s'en était clairement intolérable. Les bonnes gens se faisaient attaquer de plus en plus proche des murailles de la Blanche. Bientôt ce n'était nisi des escarmouches mais une guerre qui allait se déclarer. Les préparatifs allaient bon train, les rencontres se multipliaient. Elle n'avait pratiquement plus de temps pour autre chose que de préparer les troupes du Roi et veiller à ce que tout se déroule bien pour l'heure.

Les préparatifs allaient bon train... les soldats semblaient motiver par cette promesse de combats futurs, ils allaient enfin pouvoir rendre la monnaie de leur pièce aux gorlaks! Et pourtant... les traits tirés, la Sénéchal tentaient de voir à ce que tout aille bien... semblant éviter les moments calmes... Anais ne pouvait s'empêcher de songer à tous ces gens qu'elle côtoyaient... qui de ces soldats allaient revenir en vie de cette bataille qui se préparait contre les gorlak? Qu'elle famille allait être séparé d'un être cher? Elle secoua la tête retournant travailler, haec elle évitait ces moments où elle avait le temps de penser à ce genre de choses... Elle devait se concentrer sur autre chose, leur alliance avec Kar était une bonne nouvelle... haec elle devait décidément ne pas songer à ce genre de choses.

Ciarran avait presque quatre ans déjà...quatre longues années s'étaient écoulées, beaucoup de choses avaient changées depuis ce temps, beaucoup étaient heureusement restées les mêmes. Ces aspellors étaient toujours en la Blanche, malgré de plus en plus de voyages de Bohemond, Godefroi avait fini par revenir de son long voyage sur les terres hastanes, Arthus... Arthus était toujours resté auprès d'elle toutes ces années à l'aider à s'occuper de Ciarran...

Et ils allaient se marier. Elle regarda la bague à son doigt. Quatre années qu'elle avait retirée cette autre bague d'un autre homme...quatre années qu'elle se demandait si un jour il foulerait de nouveau Citria... Elle secoua la tête chassant ses pensées. Remuer le passé aujourd'hui ne servirait à rien. Ciarran tirait déjà sur le pan de son tabard pour lui montrer sa nouvelle épée de bois...

Anais eut un doux sourire. Haec aujourd'hui était une belle journée et les autres à venir s'annonçaient toutes aussi belles. Le passé la rattraperait peut-être, mais ce n'était nisi aujourd'hui qu'elle voulait y songer. Elle se marierait et festoierait avec ses aspellors bientôt, le passé n'avait plus rien à lui offrir, il fallait aller de l'avant comme toujours.

Pour une des rares fois ces dernières semaines, elle marchait dans les rues de La Blanche tranquillement, songeuse mais nisi pour les raisons habituelles. Personne pour l'intercepter, aucune salutation pour troubler ses pensées et c'est bien inconsciemment que ses pas la menèrent vers le petit jardin près de la caserne. À bien y songer ce jardin était plutôt mal situé. Peu de militaires allaient profiter de leur congé pour s'y rendre et peu d'habitants se rendaient jusque là.

Anaïs regarda l'étang un moment, s'assoyant sur le banc, silencieuse. Elle se rappelait s'être assise à ce même endroit quatre années plus tôt ou presque. Se rappelait avoir retirée sa bague et ranger au fin fond d'un coffre rendu chez elle. Elle prit une inspiration. Pourquoi cela la remuait tant? Elle ne comprenait nisi pourquoi elle avait gardé ce foutu objet... Elle glissa la main dans sa poche et regarda le petit objet rond au creux de sa main.

Elle ferma les yeux un moment, pourquoi au même moment qu'Arthus lui faisait sa demande, au même moment certaines rumeurs lui était parvenues que Thomas avait été revu à Citria? Cela faisait quatre ans qu'elle ne l'avait nisi vu.. nisi entendu parler de lui... aucun signe de vie... et il réapparaissait ainsi soudainement...

Elle reprit sa marche en Citria.

Le croiserait-elle en La Blanche? Et si haec changerait d'elle de chemin? Allait-il l'aborder? Il devait la détestée... ou au contraire se foutre éperdument d'elle... Comment savoir..voulait-elle savoir? Pourquoi chaque fois qu'elle croyait tourner la page sur son passé quelque chose semblait le lui rappeler constamment?!

La guerrière grommela un moment. Sa vision du futur pour le moment lui était flou... Continuer dans la voie des armes, continuer de faire équipe avec Arthus dans la Garde de Sa Majesté... ranger les armes vivre tranquillement... le pourrait-elle? Le voulait-elle...? Parfois haec mais... l'adrénaline, le chaos des préparations de bataille... c'était son oxygène, une libération... et le soir de voir Ciarran endormi près d'elle..elle ne pouvait nisi se passer de cela...
Elle regarda les nouvelles statues érigées sur la place publique

"Hommage aux femmes hastanes qui ont confrontées la tradition pour prendre les armes"

Anaïs hocha la tête pour elle même et déposa la bague qu'elle avait gardé sans porter. Elle n'en n'avait plus besoin. Elle regarda la statue un moment, peut-être était-ce ceci son futur. Continué de se partager entre ses deux réalités, et avec quelqu'un d'aussi compréhensif que son fiancé haec cela se pouvait.

Anais regarda la pile de documents de son bureau. Avec les arrestations des mendiants de la veille, les dossiers étaient si nombreux qu'elle en avaient fait transportés dans le bureau du nouveau Maréchal. Le nouveau Maréchal... Arthus n'avait nisi donné signe de vie depuis des mois.. elle avait dû se résignée à le remplacer. Ils avaient réussi ensemble à redresser la Garde, augmenter le recrutement, planifier des projets de constructions défensives...

Le nouveau Maréchal avait une vision très différente de la défensive qu'elle ne l'avait. Mais l'enthousiasme des nouveaux gardes l'empêchait de les ramener sur terre avec ce projet. Le projet était audacieux et entouré d'une aura religieuse. Pouvait-elle vraiment alors être contre? Si cela réussissait la Blanche ne serait que plus craint et respectée en dehors de ses frontières. Était-ce là une différence de vision de militaires à militaires? Ou la différence résidait du fait qu'elle était une femme et préférait défendre la Blanche plutôt que de porter attaques à l'extérieur de ses frontières?

Elle devait se poser la question de ce qui était le mieux pour la Blanche, pour son Roi et pour ses habitants. Et cette question, bien que simple en apparence, se répétait inlassablement dans sa tête depuis les derniers jours.

Elle l'avait fait. Elle avait bien dû s'y résoudre, n'était-ce pas ainsi ce qui était le mieux pour la Blanche? Aior avait une main bien plus ferme que la sienne et remettrait de l'ordre dans l'Armée Blanche. Il avait été temps de se retirer, mais se retirer de la seule chose que l'on n'ai connu depuis son arrivée en La Blanche n'était nisi chose facile.

Elle était lasse, avait l'impression que la dernière année avait pesé sur ses épaules, depuis que l'ancien maréchal n'avait plus été revu, l'équilibre dans la garde s'était rompu... Arthus... sa disparition n'avait pas été une perte seulement pour la Garde.

Qu'était-il vraiment arrivé? Nul n'avait pu retrouver la trace du Maréchal et les jours passant elle s'était de plus en plus enfermée dans son bureau, devenant plus distante des autres.

Elle avait remis clés et uniforme, se retrouvait sans traces de son fiancé avec son fils qui ne s'était pas lassé de poser des questions d'où était celui qui faisait figure de père depuis sa naissance pratiquement.
Anais ferma les yeux un moment priant, avec de la patience certaines situations se régleraient, elle ne devait tout simplement pas s'écarter de l'étroit chemin vertueux qu'Odéon laissait à ses enfants.

Les mots qu'ils avaient échangés étaient durs, empreint encore des traces du passé... pourquoi chaque fois que leur passé semblait s'être effacé, pourquoi devaient-ils encore avoir ce genre de discussion? Elle ne savait plus quoi en penser, avait-elle mal agit à ce moment ou avait-elle vraiment fait ce qui était le mieux pour son fils?

Était-ce son amitié avec l'Archevêque qui lui avait valu son accord pour le divorce ou bien avait-il vu sa détresse de se voir emporter, tirer vers un chemin beaucoup plus sombre?

Pouvait-on vraiment retirer à un homme son fils unique? Même en croyant sincèrement que cela était pour le mieux de son enfant? Même si cet homme mentait, traînait avec des criminels ne valait-il pas mieux ce père manqué à cet absence paternel? Et la vraie question n'était-elle pas plutôt est-ce que Thomas aurait à ce point mal tourné avec la présence de son fils?

Sa propre absence à elle se faisait déjà sentir, Ciarran ne l'avait pas vu autant qu'il l'aurait dû lors de la dernière année écoulée, son poste de l'armée prenant de plus en plus de son temps... Comprendrait-il une fois plus vieux que le sacrifice de ces journées passées sans lui l'avaient été pour aider le royaume? Est-ce que cela le rendrait plus soucieux de dévouer sa vie à la Blanche, à son Roi et ses habitants ou au contraire ne chercherait-il pas à suivre un chemin plus sombre en conservant un goût amer de ce qu'il n'aurait jamais connu?

Anais regarda son fils un moment songeuse, ses parents avaient eu le même genre de tourment à son égard lorsqu'elle avait décidée de suivre la voie des armes. Elle secoua la tête un moment et prit une bonne inspiration. Ciarran était encore jeune, il était peut-être trop tôt pour s'inquiéter, et il était peut-être temps de se faire pardonner certaines choses du passé.

"Un homme sans enfant est un homme sans avenir. Tu devrais y songer..."

Ils discutaient à l'auberge profitant d'un moment de tranquillité de la Citée avant que cette discussion ne vienne sur la table. Kyela était arrivée, montrant son nouveau né, et à ce moment même un aveugle aurait pu voir à quel point il était fasciné et songeur. Elle hésita quand Kyela lui mis l'enfant dans les bras, le temps de donner une bonne claque (méritée!) derrière la tête à son voisin de gauche... et voilà il était déjà trop tard, il l'a regardait, l'enfant dans les bras encore avec cet air songeur...

Avoir d'autres enfants? Le voulait-elle vraiment? À une époque, elle aurait pu dire haec sans hésiter, elle aurait pu ranger les armes pendant un moment et profiter d'un peu de quiétude... ce moment était-il passé pour toujours ou allait-elle à nouveau vouloir prendre le temps de s'arrêter un moment?
Allait-elle toujours être déchirée entre deux? Entre l'action et la quiétude, entre les armes fourbies et celles déposées? Entre l'imprévisibilité et la vie de famille?....

"Un homme sans enfants est un homme sans avenir. Tu devrais y songer..." haec et elle y songeait elle aussi...

Les jours avaient passé, les semaines et les mois... Elle ne pouvait se mentir que ceci avait été difficile au début. le calme, la tranquillité...l'inaction allait la tuée à coup sûr. D'un autre côté démissionné de l'Armée avait été nécessaire elle le savait. Elle s'était habituée à cette tranquillité, à ces journées paisible à voir son fils, enfin, à profiter de moments avec lui...

L'inaction allait la tuée, elle le savait. Et pourtant, chaque jour l'éloignait un peu plus de La Blanche, de ses disputes éphémères et sans intérêts, de ses gens.. Où étaient les vertueux? Les hardis, les courageux? Il y en avait encore entre les murs, dire le contraire eut été mensonge, mais...mais quoi?!

Elle soupira doucement. Elle était coincée. Coincée dans une situation où la raison devait la raisonnée, coincée dans un endroit qu'elle aimait mais qui lui paraissait vide à la fois. Était-il mal de songer au passé avec nostalgie? D'hésiter sur l'avenir qui s'annonçait? On lui avait dit d'arrêter d'hésiter... mais avec le passé qu'elle avait n'importe qui dans sa situation hésiterait...


Elle avait décidé de laissé Thomas voir plus souvent Ciarran... lui avait même permis de l'amener avec lui un jour ou deux... Si elle pouvait au moins réparé en partie cette erreur, elle le ferait... et s'il lui arrivait quelque chose Ciarran connaîtrait son père...

Elle était revenue. Après tout ce temps passé loin de la Blanche et de ses habitants, elle était revenue, discrètement, encore la tête remplie des dernières discussions qu'elle avait eu avec son père. Le retour à la ferme familiale l'avait confrontée sur plusieurs domaines. Elle le savait pertinemment en quittant la Blanche pour son village. Cela faisait trop longtemps qu'elle et son père n'avait pas eu une franche discussion, mais certaines choses qui restaient sur le coeur ne pouvaient pas être dit en lettre.

Certaines choses qu'il lui avait dites l'avait choquée, comment prétendre le contraire quand son propre père l'a confrontait au faite que son mariage avait été un échec lamentable et qu'elle devrait penser au bien être de son fils. Comme si toutes les décisions qu'elle prenait n'était pas dirigées vers ce seul but. Le bal des accusations et des blâmes étaient lancés.

Il ne l'avait jamais félicité pour ses postes dans l'armée, ni lorsque le Roi lui même l'avait adoubé. Elle n'était pas venu depuis des années les visiter. Il avait fait le choix de déposer les armes et de devenir fermier suite à la guerre. La guerre... elle avait attendue qu'elle éclate pour défendre Citria et ceux qu'elle devait protéger...Un monde de contradictions les séparait, mais cela elle le savait depuis longtemps.

Elle avait passé l'été sur la ferme, après cette soirée la situation était redevenue beaucoup plus saine, l'abcès était crevé on n'avait plus besoin d'en rediscuter. Ça avait toujours été ainsi entre eux, et c'était bien ainsi.

Son père avait finalement donner son premier vrai cheval à Ciarran. Le garçon en prenait soin et demandait à chaque occasion s'il pouvait le monter. Anais soupira doucement. Elle devait se l'avouer, ses derniers mois Citria lui avait paru trop étourdissante, morne... La campagne qu'elle avait toujours détester lui apparaissait plus paisible. Chacun s'occupant de son affaire sans embêter le voisin...

Elle était finalement revenue en Citria pour une seule personne. Et à son arrivée, elle s'était rendue compte qu'il n'y était plus. L'histoire de sa vie se répétait encore une fois. Avait-elle trop attendue? À vouloir jouer de prudence avait-elle encore une fois raté la chance d'être heureuse?

Quelques jours après son arrivée on pu revoir la chevalier et son fils quitter la Blanche dans une toute autre direction. Aior était peut-être retourner sur les terres de sa famille. C'est là qu'elle irait voir s'il s'était lui aussi retirer de la Blanche...

Les jours avaient succédés aux semaines et aux mois, la fine couche de neige qui recouvrait les champs étaient finalement devenue si haute qu'on avait peine à avancer sur le petit sentier menant de la maison à l'auberge. L'hiver et le froid n'était qu'une occasion de plus à inviter les voisins à venir s'entasser dans la maison au coin du feu. Elle força un sourire poli à un des invités. Odéon savait à quel point elle était lasse d'entendre parler d'histoires de vaches et de poules!
Et son père qui la voyait totalement désintéressée et pire! Qui ne le cachait point...

L'hiver était déjà ennuyeux en ville, à la campagne c'était pire. Le temps lui semblait suspendu, comme s'il lui refusait obstinément de revenir vers une saison plus accueillante. Elle avait parcouru les landes jusqu'à ce que l'hiver la contraigne à rebrousser chemin. Avec ce froid il était hors de question qu'elle continue la route avec Ciarran avec elle. Le petit s'était montré si entêté à ne pas la quittée, quand bien même elle lui avait expliqué qu'elle reviendrait après l'hiver, qu'il serait chez ses grands parents... Rien à y faire. Il était aussi têtu qu'elle, l'année écoulée l'avait fait vieillir bien vite. Trop à son goût à elle.

Ils n'avaient pas trouvés Aior en dehors de la Blanche. Elle avait pensé écrire une lettre au bastion de chevalerie, avait hésitée... peut-être ne voulait-il tout simplement pas qu'elle le retrouve... Elle et Ciarran avait donc dû passé l'hiver sur la ferme familiale, comptant silencieusement les jours qui la séparaient du moment qu'elle pourrait reprendre la route. Ils étaient donc reparti dès le printemps arrivé. Ciarran heureux de pouvoir galoper de nouveau et de découvrir des régions du royaumes qu'il n'avait jamais vu, elle contente de fuir la Blanche encore pour un temps. Mais même le temps ne pouvait venir à bout des pensées qui la hantaient. La Blanche... cette Citée l'attirait et la repoussait à la fois. On pouvait y trouver le plus beau du peuple hastane.. et le plus laid. Et dans l'armée le plus laid elle l'avait vue. Mais cette Citée se devait d'être le bastion de la pureté, du courage des hastanes pardi! Elle n'avait aucune nouvelles des autres Chevaliers..ne savait même plus si l'Ordre avait résisté au temps et aux changements qui avaient si vite cours à Citria...

Elle n'avait nisi donnée de nouvelles elle même néanmoins... L'été était déjà avancé et tirait à sa fin lorsqu'elle prit finalement une décision, remettant doucement le cap de jours en jours vers ce qu'elle avait quittée plus d'une année auparavant... Ciarran sourit doucement.

Ils rentraient à la maison.