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 [BG] Morgane D'Argon

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Morgane D'Argon
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Morgane D'Argon


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MessageSujet: [BG] Morgane D'Argon   [BG] Morgane D'Argon Icon_minitimeSam 14 Fév 2009, 10:48 am



1. Aperçu d'Enfance


« Berk Blanche ! Ton ventre est si gros ! Ne va-t-il pas exploser ? »
s’exclama Morgane dans une adorable grimace de dégoût.

Prudemment, elle restait à une distance raisonnable de sa gouvernante. Cette dernière, assise sur une chaise en bois, fredonnait tout en tricotant. Quand Morgane parla, elle redressa la tête avec un sourire tendre pour ce qui était devenue sa petite fille, et posa une main sur son propre ventre de femme enceinte. Huit mois s’étaient écoulés depuis la mort de Karyanna et depuis le mariage de Blanche avec le palefrenier de la famille, Jacques Vercors.

« Eh bien, non Morgane. Tu dois apprendre qu’il n’y a pas de joie plus belle que celle de porter l’enfant d’un homme que l’on chérit. Mais tu es trop petite pour comprendre de pareils discours. D’ici quelques dizaines d’années, tu sauras que j’ai raison. »
répondit calmement la future mère en reprenant son tricot.

Blanche Vercors avait pris quelques rides, notamment au coin des yeux. Elle restait d’une beauté fade avec sa peau laiteuse et ses cheveux aussi noirs que ses grands yeux. Pourtant, elle était la mère de substitution de Morgane, sa nourrice. Blanche avait toujours été là, comme le sol sous ses pieds. La fillette fit de grands yeux avant de soupirer, vexée. Elle ne voulait pas être aussi grosse quand l’avenir viendra. Elle n’était même pas sûre de saisir tout le mécanisme complexe du « bébé dans le ventre ». Ca devait faire mal, pensait-elle, la pire chose qui pouvait arriver.

« Je m’ennuie, »
lança-t-elle comme parade pour cacher sa perplexité face au phénomène de grossesse.

« Ma pauvre. Pourquoi ne pas tricoter avec moi ? Ou encore lire quelques poèmes… »
répliqua Blanche en se pinçant la lèvre.

Morgane fit la moue. Elle avait six ans et se croyait plus adulte que son père même. Elle s’assit vivement au sol, croisant ses petites jambes ce qui fit remonter ses jupes. Elle gonfla ses joues, inspirant une grande bouffée d’air et commença à bouder. Le tricot, la cuisine, la littérature étaient pour elle des loisirs très ennuyeux. Elle ne les supportaient pas vraiment. La petite préférait de loin s’occuper des chevaux aux écuries, grimper aux arbres ou jouer au soldat. Blanche arrêta de nouveau son activité pour se redresser péniblement. Elle posa les mains sur ses reins et tint son ventre ensuite. Morgane continuait de bouder dans son coin, assise en tailleur. Blanche ne put que soupirer légèrement et l’ignorer. Cette fillette était selon elle capricieuse et ne donnerait rien de bon. Sa mère, Karyanna n’avait jamais été sévère et le père ne la réprimandait jamais pour ce genre de comportement. Après tout, elle était une fille, à quoi bon lui donner une sévère éducation ? La porte s’ouvrit doucement et pénétra alors dans la pièce une jeune servante de dix sept années à peine. Elle s’inclina rapidement, un peu perdue avant d’annoncer d’une voix faible :

« Morgane, ton amie Rose est là pour toi. »

Blanche sourit, enfin un peu de repos. La petite D’Argon irait jouer avec sa meilleure amie et elle pourrait enfin prendre un peu de repos.

« Meldis Violaine, »
déclara la gouvernante.

« Meldis Vilaine ! »
s’exclama Morgane en bondissant sur ses petites jambes pour courir hors de la pièce.

Violaine, la servante, rougit un peu alors que Blanche réprimandait mollement la môme. Voyant que cette dernière était déjà loin, elle soupira et sourit de nouveau à la servante comme pour l’excuser. Morgane était tellement contente, d’habitude Rose était toujours occupée à sa petite étale de fleur et ne venait presque jamais au domaine. Il fallait dire que ces jours exceptionnels remplissaient la fillette d’une joie intense qui la rendait électrique. Descendant les escaliers, elle manqua de bousculer la seconde servante de la maison qui transportait du linge propre. Habituée, la domestique ne dit rien et se contenta d’un légère soupir, un sourire amusé étirant ses lèvres. Concentrée par ce qu’elle allait dire à sa meilleure amie, Morgane ne fit pas plus attention à l’intendant qu’à la servante et le bouscula un peu dans les jambes. Cet empoté n’avait pas voulu bouger de son chemin, soit. Il n’avait eu que ce qu’il méritait. « Petite peste ! » s’exclamait-il cependant en se retournant, mais elle était déjà loin vers le pas de la porte.

Elle ouvrit cette dernière avec difficulté de ses petits bras. Les grandes portes de la Maison D’Argon restaient assez lourdes à ouvrir pour une fillette de son âge. Elle tira sur l’anneau de fer de toutes ses forces, gémissant d’effort, et finalement la récompense vint. La lumière du jour l’aveugla un peu, et en bas des quelques escaliers, plus loin dans la Cour d’entrée, une frêle silhouette se tenait.

« Rooooooooooooooooose ! Alio ! »
hurla Morgane en se fatiguant inutilement à faire de grands gestes avec ses bras, comme si son amie était à des kilomètres de là. La petite silhouette au loin sursauta un peu et se mit à trotter en sa direction. Rose souriait à pleines dents. Elle restait, physiquement, tout le contraire de Morgane. C’était une enfant à la beauté simple, ses cheveux étaenit d’un blond blé et ses petits yeux rieurs d’un bleu ciel que la petite D’Argon lui avait toujours envié. Elle avait un petit nez comparable à une fraise et ses lèvres d’un rose prononcée formaient de jolis sourires.

« Alio Morgaaaaaaaaaaane ! Tu vois, je suis venue ! Aujourd’hui, c’est un jour de repos pour moi et assurément je l’utilise pour venir te voir ! »
lança-t-elle en arrivant face à la petite brune.

Morgane écarquilla ses yeux, trop agréablement surprise. Elle sautilla en tapant dans ses mains faisant danser ses belles boucles brunes auteur de son visage à l’élégance exotique. « Oh Chère Rose ! Je m’ennuyais de toi ! » geignit-elle avant de la prendre tendrement dans ses bras. Elle se détacha rapidement et la prit par la main avant de l’entraîner vivement vers les terres entourant la maison. C’étaient de magnifiques terrains de jeux et elles se plaisaient parfois à jouer près de la rivière. Elles adoraient leurs petits jeux qu’elles inventaient tous droit sortis de pays merveilleux. Morgane s’assit au plus près de l’eau, tandis que Rose, apeurée par cet élément car elle en savait pas nager, était restée plus éloignée sur la rive. Réfléchissant un instant, Morgane se tenait à elle-même de vagues discours, et son amie l’admirait, attendant, car c’était toujours la brunette qui lançait les jeux et les inventaient la plupart du temps. Tout à coup, Morgane se retourna vivement :

« Jouons aux rois et aux reines. ! »
s’exclama-t-elle.

Rose sursauta surprise, elle haussa les sourcils avant de se mettre à rire sous l’expression soucieuse de l’autre fillette. Elle arrêta ensuite ses petits rires cristallins et secoua la tête, plus raisonnée :

« Mais enfin, nous ne sommes que deux. »


Morgane croisa les bras et répliqua immédiatement : « Très bien, alors tu joueras une Reine, et je ferai le reste des Rois et des Reines. »

Et puis, chacune se mettait à poursuivre l’autre, sans grande logique simplement pour s’essouffler et se rattraper, prouver à l’une à l’autre que chacune sera là. Parfois, Rose tombait et roulait dans les hautes herbes le long de la petite colline. Ses jupons aux couleurs sobres s’enroulaient autour des ses jambes et Morgane, prenant cela comme un jeu, se jetait à son tour à terre et dévalait la pente, salissant ses jupes de couleurs pâles et laissant sa belles chevelures bouclés attraper diverses herbes. D’ailleurs, une fois rentrée, elle se faisait sévèrement reprendre par Blanche sous l’œil de son père amusée. On lui faisait prendre un bain presque brûlant comme pour la punir, et Blanche malgré sa grossesse, la frottait avec hardiesse rendant sa peau halée rouge écrevisse On pouvait entendre les petits cris aigus de la fillette qui se débattait parfois mais Blanche avait la poigne ferme et tous dans cette maison savait qu’elle aimait Morgane comme sa propre fille.

Et Morgane l’aimait en retour comme une seconde mère. C’était la seule femme qui avait seule autorité sur elle, et qui réussissait à calmer ses crises capricieuses quand la voix grave et dure de son père ne le faisait pas. Blanche l’habillait, soignait ses toilettes, l’emmenait aux prières pour Odéon. Elle lui racontait des histoires et lui lisait des poèmes. Autant Séphora entraînait sa fille à l’art équestre, autant Blanche contredisait en lui inculquant des valeurs plus douces et féminine comme la couture ou l’art de soigner. Choses que Morgane, du haut de ses huit ans, n’arrivait pas bien à faire. Cependant un jour, la petite revenait avec son frère d’une promenade en cheval et chacun assista à une bien étrange scène entre Blanche et le maître de Maison.

La gouvernante avoisinait la trentaine à présent, et elle arriverait bientôt au terme de sa grossesse. Elle était certes plus irritable et d’autant plus caractérielle, mais jamais elle n’avait osé hausser le ton comme elle le fit maintenant :

« Comment pouvez-vous acceptez qu’elle me revienne dans cet état ? Un jour il pourrait lui arriver malheur ! Ce n’est qu’une fillette ! »


Le Chevalier restait impassible face à elle. Il se contentait de retirer doucement ses gants avant de les jeter sur la table plus loin. Blanche, devant cette indifférence ne put qu’être encouragée à hausser le ton, croyant ne pas se faire entendre.

« Ce n’est nisi seulement parce qu’elle revient les joues pleines de terre et les habits pleins de boue ! Vous l’autorisez donc à sortir des limites du petit domaine et qui sait ce qu’elle pourrait y rencontrer sans surveillance. Je ne peux nisi toujours courir après elle et… »


« Tais-toi, Blanche. » finit par déclarer Séphora.

Sa voix était neutre, calme et pourtant était porteuse d’une autorité sévère que personne ne contestait dans cette maison. Les prunelles de Morgane glissèrent sur la pauvre allure de Blanche. Ses joues rouges contrastaient avec sa peau énormément pâle, et des mèches de ses cheveux noirs se collaient à son visage. La fillette ne lui avait jamais trouvé une beauté particulière comme à sa mère, mais en cet instant elle lui parut bénie par la beauté même d’Adaelle. La maternité rendait une femme beaucoup plus et exquise, mais Morgane ne pouvait encore le comprendre.

La gouvernante se pina les lèvres contrariée par cet ordre, mais n’osa guère le défier. Séphora posa un regard bienveillant sur elle, puis scruta attentivement son ventre gros.

« Ne t’énerve nisi dans ton état brave Blanche. Tu mène ton rôle à merveille en te souciant de ma fille. Et je ne regrette guère la décision de Karyanna qui t’a choisie en tant que gouvernante pour mes enfants. A présent que tu mène ta vie comme tu le souhaite, que tu es femme d’un honnête homme, je te donne tout droit de partir et de te reposer. »


Un grand silence ensuivi cette longue tirade au ton doux et grave. Morgane retenait son souffle, incrédule. Son père ne pouvait proposer à Blanche de partir, était-elle une si mauvaise fillette pour que sa Blanche ne puisse plus tenir au sein de cette maison. Les larmes lui montèrent bien vite aux yeux et sa vision se brouilla d’eau et de sel. Elle ne voulait pas que Blanche parte, c’était hors de question, mais que pouvait-elle dire, cette petite qui restait si vilaine et seule coupable d’un départ probable ? Blanche sortit de sa torpeur et cligna les yeux remarquant la présence des jumeaux plus loin. Son visage se radoucit soudainement en apercevant la mine terrifiée et perdue de sa petite protégée. Elle soupira et secoua la tête :

« C’est une promesse que j’ai faite à Dame Karyanna alors qu’elle expirait Seigneur D’Argon. »


L’homme arqua rapidement les sourcils, avant de retrouver une expression neutre sur son visage. Blanche sourit en ayant aperçu son léger trouble. Il hocha simplement la tête, mettant fin à cette discussion et lui tourna le dos avant de se diriger vers ses enfants qui attendaient. Gabriel était plutôt ennuyée et Morgane tremblait légèrement, soulagée. Le père s’arrêta à leur hauteur et baissa son regard vers le fils, : « Suis-moi Gabriel. C’est l’heure de l’entraînement. » Le concerné fit une droite posture, assez maladroite vu son âge, mais qui fit sourire le père. Morgane les observait et voyant qu’ils allaient partir, fit un pas en avant :

« Pèèèèèèèèèèèèèèèèèreeeeeeee ! Et moiiiiiiiiiiiiiiiiii ? »
s’écria-t-elle de sa voix enfantine.

Séphora s’arrêta et se retourna à nouveau, admirant sa fillette. Elle était toute mignonne avec ses boucles brunes, ses grands yeux en forme d’amande et ses petites lèvres retroussées d’indignation. Il ne doutait déjà plus qu’elle serait le portrait craché de sa mère. Elle était là dans ses jupons de diverses couleurs pâles. Ses petits sourcils froncés prouvaient qu’elle aussi, elle avait envie de s’entraîner et le Chevalier réfléchissait encore quant à son éducation. Sur la seule fille qu’il eût, il avait fallu qu’elle se décide si tôt à porter les armes. SI sa mère était envie, il en serait sûrement allé autrement. Karyanna était une artiste qui aurait pu transmettre sa passion à sa fille, mais cette dernière évoluait à présent dans un univers d’homme et voyait ses frères s’entraîner tous les jours. Les seules femmes qu’elles côtoyaient étaient Blanche et Rose.

« Reste ici Morgane. »
finit-il par se décider.

« Nisi! Moi, je veux m’entraîner ! M’entraîîîîîîneeeeeeeeer ! »
hurla-t-elle en tapant du pied sur le sol.

Gabriel soupira et alors que Séphora comptait intervenir de nouveau, le gamin s’avança vers sa sœur qui se mit à le regarder bizarrement. Il la poussa et elle tomba à la renverse sur son derrière. Grimaçant de douleur, ses yeux s’emplirent de larmes face à ce geste. Blanche qui avait assisté à la scène accourut vers la petite tandis que son frère se moquait :

« Apprends à tenir sur tes jambes. Tu n’es encore qu’un bébé. »


En retrait le Chevalier ne broncha pas face à la situation alors que Morgane se réfugiait dans les bras de sa gouvernante, encore traumatisée. Face à la faiblesse de sa sœur, Gabriel eût la tentation de se radoucir, mais se rappelant son vilain caprice, il n’éprouva que du mépris. Tournant à regret son dos, il revint vers son géniteur s’excusant du comportement de sa jumelle. Cette dernière restait accrochée aux jupes de Blanche qui lui caressait tendrement les cheveux pour l’apaiser. Elle avait totalement désapprouvé l’attitude de Gabriel qui pouvait se montrer méchant envers sa sœur, tout comme il pouvait se montrer protecteur. Ce garçon grandissait trop vite pensait la gouvernante en secouant la tête, dépitée. Il avait à peine huit printemps et tentait déjà d’égaler le sérieux de son père. Il se volait lui-même son enfance. Elle fut contente que ce n’était pas le cas pour Morgane qui par ses larmes enfantines prouvaient qu’elle comptait vivre pleine cette petite période de sa vie, la plus innocente mais également la plus constructive.
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MessageSujet: Re: [BG] Morgane D'Argon   [BG] Morgane D'Argon Icon_minitimeSam 28 Fév 2009, 11:29 am

2. Début d'Exil


« Demoiselle Morgane, vous êtes sûre ? »

La voix de Blanche était d’une triste faiblesse. Elle était encore enceinte ; son ventre rond tirait sa robe simple et mauve. De son regard noir, elle suivait les mouvements de sa protégée. La jeune Hastane, venant d’entrer dans sa dix septième année, était penchée sur le lit et rangeait rapidement diverses toilettes dans un grand sac de toile. Dans la chambre, deux rires enfantins créaient une joyeuse ambiance sonore, contrastant avec la tension triste qui emplissait l’air.

« Haec.. »
marmonna Morgane. Elle se redressa vivement pour masser ses reins douloureux. D’un geste rapide et habile, elle attacha ses cheveux à l’aide d’un beau ruban blanc. Quelques mèches rebelles échappèrent néanmoins à cet étau de soie. Blanche soupira, difficilement résignée et laissa la petite D’Argon fermer son sac d’un coup sec de lanière. Elle le mit fermement sur son épaule et se tourna vers la sage gouvernante ; celle qui remplaça sa mère de longues années. Elle lui sourit alors tendrement. Ses prunelles sombres teintées de bleu se promenèrent dans la pièce avant de se fixer sur la source des rires.

« Prends soin de Morgiane et de Taliesin, ce sont de merveilleux enfants que tu as là. »


Morgiane la blonde était en effet la première fille de Blanche et avait neuf printemps ; elle possédait les yeux noirs de sa mère et les boucles couleur blé de son père. Taliesin, le second né,, entamait à peine sa huitième année et avait de longs cheveux noirs et raides, cernant une bouille ronde à la peau laiteuse, héritée de sa mère. De son père, il n’aura pris que les yeux gris et brillants. Morgane baissa son regard sur le ventre de la mère.

« Et surtout, prends soin de lui, et de toi. »


Sa voix était l’incarnation sonore même de la tendresse. Elle se pencha pour effleurer la joue de Blanche, y passant délicatement ses lèvres. Morgane la dépassa ensuite, sans plus de marque d’affection et Blanche ne put que voir avec tristesse les pans de sa robe rouge pâle disparaître derrière la porte, qui claqua mollement. Descendant les escaliers, qu’elle avait toujours déboulé étant fillette, elle fut pensive. Hier, elle avait dit valar à son père et à Gabriel. Ne supportant plus d’être mise après ses frère pour l’entraînement aux armes, il avait été trouvé d’un commun accord qu’elle irait un temps chez la famille de sa mère. Chez les gitans. Séphora avait peut-être cru qu’elle y découvrirait les plaisirs de divers arts comme la danse ou le chant. En tous les cas, être écartée si subtilement la rendit bien amère. Et ce fut avec une lourde tristesse qu’elle fit ses valars au foyer familial, pour la première fois de sa vie.

Mordret, l’intendant de la famille et vieux fidèle du Chevalier, l’attendait impatiemment dans la petite cour. Il la mènerait en toute sécurité chez sa tante maternelle. Elle le salua à peine et monta sur le destrier après y avoir calé son sac. Le voyage ne dura pas plus de deux jours à travers le paysage verdoyant de l’hastanie. Morgane parlait peu et l’intendant l’ignorait, comme si elle ne fut qu’une simple marchandise à transporter. Il lui reprocha seulement sa manière de monter à cheval alors qu’avec une robe déjà décolletée, la décence aurait voulu qu’elle monte en amazone. Elle n’avait guère prêtée de sérieuse attention à ces remontrances, lui préférant la beauté d’un paysage quelconque où les arbres laissaient place à d’autres arbres et où les rivières donnaient naissance à d’autres rivières.

Deux jours après le départ discret, elle arriva enfin à destination. Le camp gitan était dressé en plein milieu d’une petite plaine Hastane Les premières lueurs du jour répandaient leur délicate chaleur, baignant de lumière une cinquantaine de roulottes. Une silhouette féminine les attendait apparemment et arrivée près d’elle, Morgane put y reconnaître un vague fantôme de sa mère. Isabelle était la cousine de Karyanna ; une sulfureuse femme mûre dont les rides audacieuses n’avaient rien enlevé à son charisme. Sa chevelure raide et volumineuse présentait de beaux reflets miel et ses tâches de rousseurs discrètes étaient illuminées par de grands yeux noisettes. Seule sa peau un peu lâche et tachée de quelques plaques brunes élevaient sa beauté au rang de vestige. Elle était droite et son corps bien fait respirait bonne santé.

Morgane mit pied à terre alors que Mordret restait sur sa monture piaffante, toisant le tout avec un mépris certain. Isabella sourit à sa nièce y reconnaissant sans aucun doute le portrait parfait de sa sœur. Elle n’en fit cependant aucun commentaire. Ce qui frappa D’Argon, aux premiers abords, fut la liberté vestimentaire de la gitane : un décolleté qui s’apparentait plus à un balcon et des vêtements osés laissant ventre et épaules nus. D’ailleurs, une rapide œillade vers le bas lui montra que même ses pieds étaient nus.

« Alio Morgie ! »
s’exclama Isabella avec un accent fort et suave. La gitane ignora l’intendant qui repartit et prit sa nièce contre elle pour l’étreindre. Morgane écarquilla les yeux avant de se laisser aller contre la chaleur du dernier vestige maternel. Puis, la gitane la mena à sa grande roulotte et ce fut avec une étrange curiosité qu’elle perçut l’environnement qui avait forgé sa mère. Isabella se dépêcha de ranger quelques affaires alors qu’elle invitait la jeune Hastane à faire comme chez elle, à s’installer.

« Viens, viens ma fille ! Rha ces hommes, ils foutent le bordel partout ! »
s’écriait sa tante de sa voix grave, tout en ramassant des bricoles. Morgane observait calmement, la roulotte était spacieuse et séparée par de longs et épais rideaux en trois compartiments : deux chambres et un grand foyer. Elle voulut poser son sac sur des grands coussins, mais Isa revint en véritable tornade et la déchargea de son bagage. La jeune fille la suivit alors des yeux :
« Tu vas loger avec Ethan, dans sa chambre. Haec, haec, un gitan qui habite ici. Il a ton âge tu sais ? »

Morgane manqua de s’étouffer devant l’annonce alors que sa tante disparaissait derrière un des gros rideaux pourpres dissimilant sûrement la chambre en question. Loger avec son cousin, argh ! Passant du rouge honteux au vert orageux elle s’effron sur les cousins en grimaçant de fatigue. Une nouvelle fois, Isabelle revint se précipiter vers elle, pleine d’énergie. Elle attrapa le bras fin de sa nièce, souriante et la releva avec fermeté :

« Allez, il faut te changer, prendre un peu…Allons à l’étang proche ! »


Ce fut ainsi que débuta le voyage de Morgane chez les gitans.

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MessageSujet: Re: [BG] Morgane D'Argon   [BG] Morgane D'Argon Icon_minitimeJeu 12 Mar 2009, 5:24 pm



0. Mise en Abîmes



Morgane était depuis peu tombée dans un sommeil étrange, prise d'une émotion trop violente pour être ignorée. Reposant en l'Ecole de la Chevalerie, elle semblait ne pas se réveiller.

Une berceuse ? Morgane tourna son regard vers sa droite. Toujours allongée sur l’un des lits du dortoir de l’École, elle se redressa sur un coude, soulevant sa trop grande chevelure. Non, c’était différent. Elle plissa les yeux avant de les écarquiller brutalement, ici tout était monochrome et terne. Du gris, du noir, un peu de blanc. L’air lourd, et la berceuse se répercutait partout en écho. Le violon la jouant était triste, et semblait ne jamais vouloir s’arrêter, répétait inlassable la même mélodie tragique ; sur des notes graves, aigues, graves, aigues. « Une ritournelle ? » souffla-t-elle - du moins ce fut ainsi que le qualifiera plus tard. Sa voix semblait inaudible comparée à la musique qui toujours devenait plus forte. Alors qu’elle souhaitait se lever pour quitter son lit, des entraves la rappelèrent à lui. Surprise, elle ouvrit la bouche, et admira ses jolis liens de cuirs noirs qui entravaient ses poignets et ses chevilles.

Pourtant, elle ne paniqua pas, se rallongeant simplement en ravalant difficilement sa salive. Elle ne se demanda même pas où elle était. Fermant les yeux, la berceuse continuait à emplir l’atmosphère d’un trouble pesant mais serein. Alors, elle attendit. Elle ne saurait dire combien de temps, elle patienta ainsi, sur le dos, liée au lit. D’ailleurs, elle n’avait même pas remarquée qu’elle ne portait plus sa robe à auvents, mais était drapée d’une simple toge antique, dénudant ses belles épaules. Parfois, tandis qu’elle croyait partir dans un sommeil profond, elle se réveillant entendant une voix familière l’appeler et puis la berceuse revenait à ses oreilles, et elle redevenait sourde.

Alors, des pas lourds et d’acier claquèrent contre les dalles de pierres. Et Morgane sursauta, véritablement étonnée qu’un son puisse couvrir la berceuse qui à présent n’était plus qu’une ambiance sonore quelconque. Elle se contenta de détourner son visage en direction de l’entrée du dortoir et aperçut une immense silhouette se rapprocher. C’était visiblement une femme si l’on en croyait sa belle chevelure noire et soignée. Elle avait un bandage sale sur les yeux, occultant sa vision et portait une armure sombre et blanche à la fois. Un aura écrasant s’échappait de cette personne à la silhouette svelte, mais grande et bien faites. En se rapprochant de son lit, Morgane ne se priva guère de la détailler, impressionnée. Dans cet endroit terne, sans couleurs, cette armure semblait étincelée de milles et un feux. Et l’épée, l’épée ! Immense et nue, à la lame de cristal, frôlant aimablement le sol de sa pointe pure.

Il n’y avait pas un mot de plus pour décrire l’admiration de Morgane face à cette Allégorie, bien trop charismatique pour être une femme. Cette dernière alors, s’arrêta au chevet de la petite D’Argon et se pencha pour dénouer ses liens. De ses mains gantés d’aciers blancs. La jeune fille observait, sans un mot, totalement soufflée.

« Lève-toi » ordonna-t-elle d’une voix caverneuse.

Et Morgane se leva, obéissant tout de suite, sans même penser à poser des questions ou à se rebeller. Cet aura l’écrasait trop et la maintenant en respect. Une fois debout, elle crut perdre le sens de l’équilibre et le sol tangua sous ses pieds. L’inconnue lui attrapa les poignets, manquant de les lui briser et les lia à nouveau de cuirs noirs. Morgane put rapidement comprendre qu’elle était prisonnière et que cette inconnue n’était ni plus ni moins que sa gardienne. Une terrifiante gardienne et pourtant si belle, si mystérieuse. «  Suis-moi, » fut son nouvel ordre. Et elle obéit, silencieuse et pâle, marchant sur les pas de cette admirable allégorie. Elles traversèrent la salle du Conseil de l’Ecole de Chevalerie. Tout semblait authentique, Morgie reconnaissait les moindres détails mais les niait. Et puis, l’étrange couple sortit, et elle dut admirer un ciel couleur sanguine, la seule couleur qui se reflétait dans cette univers. S’arrêtant face à cette nouvelle surprise, elle ne décrochait plus son minois de la voûte pourpre qui les recouvrait. Alors, sa gardienne s’arrêta également et sans se retourner consentit à donner un brin d’explication :

« C’est ainsi depuis que le Fieffé t’a blessé. Ce monde ne vit plus. Je n’aime pas la pluie, Morgane. Et depuis ce jour, il pleut souvent dans ton cœur. »


Sa voix toujours caverneuse était constante, presque irréelle. Et alors qu’elle achevait ses paroles mystérieuses pour Morgane, d’immenses nuages sombres tâchèrent le Ciel, menaçant de répandre leurs eaux troubles. L’Allégorie secoua la tête et reprit lentement sa marche. Le Ciel était de plus en plus menaçant, et poignets entravés, Morgane accéléra le pas, manquant de trébucher plusieurs fois. Les arbres étaient déracinés pour la plupart et les quelques pouvant se vanter d’être toujours dressés n’étaient plus que bois décharné. Elle huma rapidement l’air, plissant son petit nez, ses prunelles se promenant rapidement sur le paysage terne. L’allégorie inconnue avançait toujours de son pas de fer, lourde et puissante. Le Souffre, voici le seul mot qui vint à l’esprit de Morgane en reconnaissant ce parfum particuliers et désagréable. Restait à voir s’il émanait de cette grande femme ou simplement de l’atmosphère. Elle dévia alors un peu, ne suivant plus le sillon que lui offrait sa gardienne. L’odeur s’estompa doucement, c’était donc ainsi bien son effluve.

Elle revint vivement dans l’ombre immense de l’inconnue, les environs lui apparaissant soudainement comme dangereux. Enfin, les portes de Citria se présentèrent à elles. Un vent fort balaya la région, se perdant dans la toge de Morgane dont les jambes fines et pâles furent mises à nues. Toujours interdite, elle était figée devant le nouveau spectacle qui assaillait ses yeux. Des murailles à moitié détruites, les cadavres de Rédempteurs à moitié en poussière et décomposés. Les portes n’étaient plus d’actualité, à part une vaine taule qui persistait à rester debout. L’Allégorie ne sembla pas se formaliser de ces ruines encore fumantes et Morgane n’eut d’autre pénible choix que de la suivre. Et tout n’était que de cendre et de fumée à l’intérieur. Les bâtiments ravagés, l’Auberge et la Taverne s’étaient écroulés, le Magasin Général n’existait plus, il y avait un grand cratère béant à la place. Seul le magasin de Magie était intact et sans signe apparent de destruction.

Que s’était-il passé pour que Citria soit ainsi retournée puis ravagée ? C’était un véritable parcours du combattant, il fallait éviter les décombres, slalomer entre les pavés déracinés. Arrivée près de la fontaine, cette si belle fontaine pleine de brillance et de couleur, elle s’arrêta ; incapable de continuer. La Fontaine n’était plus que pierre lézardée par la destruction, desséchée jusqu’à son essence même. Soudain, un cri hystérique déchira l’air et la jeune fille se pétrifia davantage incapable de bouger le moindre de ses cils. Avant même qu’elle put prendre conscience de quoi que ce soit, une lanière de fouet pourpre s’enroula violemment autour de son bras et elle fut tirée vers sa droite. Elle perdit l’équilibre et heurta brutalement le sol , s’étalant de tout son long. Sa gardienne ne sembla pas réagir, droite et immobile.

« Enfin attrapée ! »
cria une voix suraiguë.

Comme retrouvant quelques réflexes, la brunette redressa vivement le chef en direction de son agresseur et fut frappée par la vision d’une femme habillée d’une longue robe de cuir pourpre, dénudant ses épaules et son décolleté. Elle n’était pas si belle, mais mortellement charismatique elle également. Sa peau basanée, était parcourue de fines arabesques de sang, et ses yeux cernés d’un beau rouge. Ce maquillage voyant faisant ressortir la noirceur et le volume de ses cheveux bouclés, exactement les mêmes que ceux de Morgane. Elle tenait son fouet d’une main ferme et un rictus aberrant lui frappait le visage. La nouvelle inconnue fut prise d’un grand fou rire, tout aussi hystérique et extravagant que le reste de sa personne.

« Laisse-la, 
» intervint finalement l’autre femme en armure, de sa voix caverneuse. La furie au fouet arrêta brusquement de rire, posant ses petites prunelles rouge vive sur la gardienne.

« Tu rigole. La Noire veut la voir. Je ne fais qu’obéir. »
répliqua-t-elle de cette petite voix très énervante. Morgane toujours à terre, faisant une véritable tête ahurie, décoiffée et la toge salie par cette violence, elle ne pouvait qu’écouter le reste, impuissante. Les longs cheveux sombre de la grande allégorie en armure se soulevèrent rapidement alors qu’elle portait son regard bandé et voilé sur la furie.

« Je ne le répéterai pas, La Passionnée. »
déclara-t-elle neutralement.

« Je..ne..veux...pas..»
réagit enfin Morgane, tirant avec son bras entravé par le fouet.

« La ferme ! »
hurla celle que l’on surnommait La Passionnée. Et elle tira à la suite, faisant traîner Morgie au sol, l’étonnant de sa force. Les ruines au sol raclèrent contre son flanc droit déchirant sa toge, s’enfonçant dans sa chair alors mise à nue. Elle voulut crier, mais ce fut avec une douce surprise qu’aucun son ne sortit de sa bouche, car de la douleur, elle n’en éprouvait pas ; même pas après cette hideuse blessure. Sa gardienne, visiblement irritée par le spectacle se décida à porter une main à sa garde et voyant se faire La Passionnée blêmit soudainement avant de reculer d’un pas fébrile et de relâcher Morgane de l’emprise de son fouet brutal.

« Si La Noire désire l’entretenir, cela se fera au Tribunal. Sous l’autorité de l’Impartiale. Et nisi avant. Relève-toi Morgane. »


La brunette obéit fébrilement, se redressant avec appréhension mais se rendant compte que même si le sang coulait abondamment elle ne ressentait aucun mal à cela. Alors que la furie tournait les talons en hurlant quelques insultes peu appréciées, elles reprirent leur marche, se dirigeant vers l’Agora. La petite D’Argon ne se posait même plus de question, parfois la brise venait encore taquiner et son visage et sa grande chevelure de reine mais rien n’y faisait : elle entendait toujours indistinctement ses voix familières semblant venir d’ailleurs. Cependant, elle suivait fidèlement l’ombre de sa gardienne dont elle ne connaissait même pas le nom. Peu importait au fond, mais il fallait bien prendre garde à ce que ses petits pas ne dérogent pas du sillon protecteur de celle qui la guidait. Avec perplexité, Morgie se rappelait de la peur qui prit le visage de la furie en voyant cette femme en armure esquisser un simple geste vers son épée immense.

Enfin, elles pénétrèrent dans l’Agora après avoir monté les quelques marches défoncées. Le bâtiment n’était plus qu’une bâtisse aux teintes blafardes. Morgane prit bien le temps de détailler les gradins où une petite assemblée était déjà présente, dont la furie en rouge qui se tenait tout en haut. De part et d’autre, il y avait nombre égal de personne ; comme si deux clans se faisaient face. Toutes étaient des femmes. Déjà, elle dut suivre sa gardienne vers le centre de l’Agora et sur les bancs larges de marbres blanc, opposés, deux femmes étaient assises également - et elles aussi se faisaient face. Totalement surprise de trouver autant de mon dans un univers dévasté, elle ne conçut même plus qu’elle était à présent seule au centre. La femme en armure venait de disparaître subitement, la laissant comme en pâture.

« Pour…quoi ? »
souffla-t-elle en se sentant énormément seule et….

Vulnérable.

Les chuchotements féminins, comparables à des berceuses tantôt douces et tantôt amères s’arrêtèrent. Tous les regards brillants ou éteints, dont celui de Morgane - on ne savait plus vraiment s’il brillait ou non, celui-là, étaient tournés vers le haut. Les trônes, et un seul d’entre eux, celui du Roi en l’occurrence, était occupé : par une silhouette féminine également. Elle portait un long manteau, d’une couleur indistincte, une fois sombre, une fois noire, on ne voyait que sa jambe droite et nue en sortir. Tout le reste du vêtement couvrait son corps, dont son visage. Elle tenait entre ses mains, dans un belle équilibre, un cierge qui arrivait bientôt à la fin de sa vie. La cire coulait chaudement entre les doigts fins et graciles de la femme couverte. Une à deux marches plus bas, là où habituellement se tenaient les gardes du Roy, Morgane reconnut sa gardienne, l’épée fichée au sol, le visage baisé vers ce dernier comme endormie, mais également à ses côtés, une autre Allégorie aussi grande, dont la musculature développée était enfermée dans une armure terne et rouillée. Son épée gigantesque et lourde, également plantée dans le sol, paraissait impossible à porter. Elle avait une tresse longue et d’un blond sale, quelques mèches rebelles s’en échappaient pour venir occulter sa figure aux traits durs, taillé par les cicatrices de rudes batailles.

Les poignets toujours entravés par ses liens de cuir, elle resta donc à sa place, attendant simplement une instruction, ou autre évènements moins agréable. Ce fut alors qu’une voix parla. Totalement androgyne, ni masculine, ni féminine, d’une neutralité terrifiante : elle semblait appartenir à la femme sur le trône. D’ailleurs à chaque mot, la mèche de la chandelle vacillait, comme si ce fut la bouche de la personne parlant.

«  Avé à vous, concitoyennes. Vous êtes ici en présence de mon autorité, et surtout vous êtes ici en trêve. Moi, Morgane L’Impartiale présiderait le procès de Morgane La Juste, accusée pour troubles graves et crimes de guerre. Soyez attentives, car ce procès mettra définitivement terme au conflit qui ronge l’âme qui nous a créé. Je serai seule juge, mais vous comprenez toutes, la nécessité grande d’avoir pour principal témoin Morgane, présentement appelée pour assister à ce procès. Le procureur sera Morgane La Noire, qui fut la première a demandé qu’accusations diverses soient retenues contre La Juste. »
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MessageSujet: Re: [BG] Morgane D'Argon   [BG] Morgane D'Argon Icon_minitimeJeu 12 Mar 2009, 5:33 pm


Cette voix annonçait simplement ce que Morgane n’arrivait pas à croire. Tout cela, c’était son propre univers et elle y était appelé parce que même la guerre n’avait pu régler une bonne fois pour toute, les problèmes qu’elle avait engendré, par ses différentes impudences et imprudences. Ses jambes tremblèrent. A sa gauche, se levait déjà celle qui répondrait au nom de Morgane La Noire ; celle-là même qui avait parlé tant de fois à travers les lèvres fines et rosées de la belle Morgane. Derrière cette femme habillée de noir et de fourrure, une robe à décolleté osé et une épée à la main, une assemblée de femmes toutes aussi sombres dont la furie : elles étaient belles, mûres et dégageaient un obscur charisme. Morgane La Noire avait une cicatrice au niveau de l’œil, qui le lui barrait d’une admirable façon ne la rendant que plus belle et attirante. Sa coiffe était maintenus par différentes barrettes sculptées minutieusement dans un bois sombres. D’un pas lourd, et pourtant gracieux elle s’avançait vers le centre jusques à être toute proche de Morgane ; même assez proche pour lui murmurer quelques mots à l’oreille. Elle n’en fit rien, faisant simplement face à celle que l’on nommait L’Impartiale.

« Meldis. Si je puis donc ouvrir le procès, je ne m’engagerai qu’à démontrer deux choses de mes principales accusations. De ce monde, construit par l’âme de Morgane, il était autrefois couleurs, joies et puissances. Aujourd’hui, que reste-t-il ? Ruines fumantes, terre asséchée et pourtant assoiffée de sang. Je suis apparue pour prévenir le Mal qui occuperait ce monde contrairement aux calomnies lancées par La Juste. Mais n’est-ce pas ELLE qui faisant mauvaise application de sa Justice, véritable don d’Odéon, décida de me pourchasser, mettant sans dessus dessous ce beau monde, alors que je ne cherchais qu’endroit où m’installer pour aider Morgane. »


Sa voix était particulièrement calme et pourtant il en résultait quelques assentiments douteux, quel ton de belle rhétorique. Morgane avait simplement écouté, se faisant presque prendre au piège de la magie des mots. Alors une belle senteur, celle de l’épinette : sans doute sa préférée, se propagea de sa droite. Tournant sa délicate figure, usée par la fatigue et la surprise, elle découvrit Morgane La Juste toujours assise sur son banc, subissant ses accusations. Elle dut lui rappeler un instant son père et ce souvenir lui fendit le cœur ; car rien ne lui manquait autant que son paternel en cet instant de doute, et de perte. Et La Juste n’était rien d’autre qu’une femme à l’allure assurément pure, si naturellement pure que l’on arriverait difficilement à douter de son attribution. Elle était grande et bien faite, son corps cintré d’une robe modeste et blanche ; totalement sobre, recouvrant ce qu’il fallait de peau et laissant entrevoir un reste esthétique et charmant. Ses beaux cheveux noirs étaient tressées en une coiffe simple et jolie. Elle ressemblait à ce que Morgane avait toujours voulu devenir. Le plus beau dans ce portrait de Justice était sans aucun doute cette épée qui pendait librement à sa taille, grâce à un chapelet de bois solide. Elle avait une lame effilochée et toute rouillée, on aurait dit qu’elle n’avait servi depuis des centaines d’années mais que le sang qu’elle avait fait couler de voulait quitter jusques à sa garde.

« Il est vrai, je la pourchassais et toutes savent ici pour quelles raisons. Morgane la première. »


Quant à sa voix, elle était normale, ce qui déçut un peu la jeune femme qui fit une moue perplexe. La Noire haussa simplement les épaules avant de s’avancer d’un pas vers le trône, sa trop longue chevelure traînant paresseusement au sol. Derrière le masque de noirceur, occultant le visage de L’Impartiale, aucune réaction.

« Je t’en prie, La Juste. Ne mêle pas encore Morgane à tes erreurs. Elles te sont fatales. Dois-je te rappeler que ce fut toi qui lança l’assaut pour décider et obliger Morgane à partir une dernière fois à Tyrimar, suivant cette Anje. Rappelons donc à l’assemblée ici présente, la conclusion de ce voyage. La rencontre avec le Gorlak ! »


Au mot Gorlak, un frisson parcourut le clan des femmes qui se tenait sur les gradins derrière La Juste, elle restait impassible.

« Notre Père et notre oncle sont intervenus et ils ont failli laisser LEUR vie pour une décision soit disante JUSTE ! »


Morgane ne savait plus trop quoi penser, ni dire. Elle assistait simplement. Déjà, La Juste se levait tranquillement, défaisant son chapelet et posant son épée sur le banc. Désarmée, elle vint à son tour près de Morgane. Droite, apparemment le visage serein, sans inquiétudes particulières, elle répondit selon ces mots :

« Lors de l’assaut pour la décision vers Tyrimar, j’ai du abandonner ma position pour venir veiller notre Mère qui encore une fois réclamait moult soin dans un coin de Notre mémoire. J’ai rappelé mes troupes, La Droite et La Chevalière, mes fidèles compagnes seront témoins. Pourtant, ce fut bien moi qui perdit lors de l’assaut sur la décision de partir en reconnaissance près de Mortancia, et encore mes troupes qui connurent la déroute lorsqu’il fut question de défaire Tyrael Melyor. Et mes troupes qui furent victorieuses lorsque dans la Mort il fut question de regagner la Demeure d’Odéon. »


Cette voix si banale semblait porteuse de vérité et les « troupes » de La Juste depuis les grainds droits, approuvèrent par des chuchotements doux qui furent bientôt recouverts par les protestations des présentes dans les gradins gauches, qui de leur voix suaves et trompeuses s’insurgeaient contre le discours de cette simplement femme à la grâce si charismatique qu’il fallait en être tout aussi égale pour oser s’y opposer. Quant à Morgane, elle se faisait tellement petit, un nouveau vent lui apportant alors les rumeurs d’une voix familière, disparue depuis longtemps..

« Nisi ! Je veux partir ! »


Elle s’était exclamée, comme se réveillant soudainement. La flamme de la chandelle appartenant à L’Impartiale vacilla et toute attention fut retenue sur elle. Sans l’expliquer, quelques grosses larmes roulèrent sur ses joues, depuis ses yeux humides de chagrin. Elle entendait ses mots et elle sentait son cœur - était-ce seulement un vrai cœur ici ? Bondir dans sa poitrine. Elle alla pour se détourner de toute cette mascarade qui lui faisait peur. Ses petites pieds nus bougèrent donc pour la transporter ailleurs, proche de ce réconfort dont elle pouvait à présent sentir la légère caresse. Alors la Passionnée, cette furie habillée de pourpre, hurla de nouveau levant son fouet. Cette fois-ci, seulement, on lui opposa quelques défenses. Ce fut une blonde farouche, à la coiffe carré, aux yeux d’un vert trop transparent habillée d’une armure en forme de robe qui bondit des gradins ouest. Tenant son épée des deux mains, la levant bien haut, elle atterrit puissamment devant Morgane, opposant la lame brillante de sa main armée au fouet perfide de la furie.

Morgane surprise, recula d’un pas tout en secouant sa tête lentement, elle se cogna d’ailleurs contre La Juste dans sa retraite et se mit à pleurer de plus belle : « Libérez-moi, » souffla-t-elle alors que son désir de revenir à la réalité était plus fort que jamais. Genou à terre, la farouche blonde repoussa d’un coup de lame le fouet après l’avoir gardé emprisonné. Elle se redressa alors, sa robe faites de plaques métalliques, tenant son épée toujours prête. Elle défiait calmement l’assemblée soutenant La Noire du regard. Cette femme, à l’allure d’un jeune adolescent, presque androgyne était Morgane La Chevalière, pleine d’honneur, elle se mettait en tête de seconder la Justice de celle qu’elle servait.

« Morgane La Puissante,
» intervint la voix mécanique et neutre de L’Impartiale.

Alors, la gardienne qui avait ramené Morgane ici s’ébranla. Jusques là endormie et immobile, elle se releva et délogea d’une main son épée de cristal plongée dans le sol.

« Fais-moi sortir La Chevalière et La Passionnée de ce Tribunal. Il a été pourtant dit qu’ici, c’était un territoire de trêve, tout acte d’hostilité pourrait être passable de punition. »


Apparaissant alors en haut des gradins est, elle agrippa La Passionnée par les cheveux ; disparaissant avec elle, La Puissante réapparut proche de La Chevalière alors que la furie tentait de se débattre vainement. La Juste profita de cette distraction pour poser ses mains sur les épaules nues de Morgane et lui murmurer discrètement à l’oreille : « Soit, réveille-toi un temps, mais tu reviendras vite…tu n’es pas en état. » Et alors, Morgane se figea, paralysée.
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MessageSujet: Re: [BG] Morgane D'Argon   [BG] Morgane D'Argon Icon_minitimeMer 17 Juin 2009, 7:55 pm

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3. La Vie Peut Changer


Rose


Morgane


Tout au long de sa vie, Morgane D'Argon n'avait jamais vraiment été très pieuse. Comme sa mère, elle n'allait pratiquement jamais aux messes. Et encore comme sa mère, elle se contentait de réciter vaguement les prières collectives quand le temps était venu : pour faire comme les autres.

Pourtant, il était couramment admis que la confession est bonne pour l'âme. Personne ne le savait mieux qu'une certaine brune qui confessait ses péchés au Père O'Malley. Une fois par semaine, depuis son enfance. Les années passant, à la grande consternation du Père O'Malley, un thème commença à devenir récurrent.


-J'ai de nouveau frappé le fils du fermier Comté.

-J'ai déclenché une bagarre nisi loin des écuries Sud.

-La semaine dernière, j'ai refait le portrait du fils du boucher.


Une fois la faute pardonnée, le père O'Malley disait à Morgane D'Argon de retourner dans le monde et de ne plus pécher. Malheureusement pour Morgane, la tentation semblait être...

* * *

Morgane n'eut pas beaucoup de chance au cours de sa jeune vie. Elle perdit sa mère à cinq ans, et on lui dit qu'elle était morte d'un chagrin d'amour causé par son père. Alors Morgane décida de haïr plus l'amour que le père.

Elle s'était entêtée à vouloir devenir plus forte pour battre les idiots de paysans qui se moquait de son attitude. En fait, Morgane D'Argon avait toujours cru bon, de vivre sa vie à contre-courant. Quite à en subir, toutes les difficultés :

Il y eut sa trop grande amitié pour le Dai'Mieszko et on lui dit qu'il avait auparavant blasphémé. Alors Morgane décida de haïr le blasphème plutôt que le blasphémateur.

Il y eut cette mauvaise rencontre avec le Fieffé Noir. Elle lui avait simplement demandé qui il était et elle avait eut sa réponse sous strangulation.

Il y eut cette autre fois où elle fut capturée par un Gorlak, et menée en esclave à Mortancia. La journée avait pourtant bien commencé avec son ami, jusqu'à ce qu'ils décident d'un plan de route plus aventureux.

Il y eut un prêtre, qui malheureusement, n'avait pas compris l'immaturité de Morgane D'Argon envers les hommes.

Et il y eut enfin, son Orgueil, qui fut sans doute le pire des courants qu'elle eut suivi. Mais Morgane n'était pas quelqu'un de perdu, ou d'égarer. Elle errait, mais connaissait son chemin. Il lui fallait juste...le petit déclic qui la ferait bifurquer sur le bon rail. Et pour cela, elle avait du se rendre au croisement. La croisée offrit à Morgane, sa dernière malchance. Celle d'être prise par les Mortanyss.

Tout au long de son séjour. Elle avait oublié de faire comme sa mère, du côté des Mortanyss, et avait prié Odéon. Aussi, quand on vint la libérer, Morgane D'Argon avait enfin pu prendre le bon rail.

* * *

Le courant c'est le genre de choses auxquelles peu de gens pensent ; jusqu'à ce qu'ils en soient privés. Il en va de même pour le pouvoir. Qu'il s'agisse du pouvoir politique ou de l'influence d'une maîtresse sur un seul homme. Nous voulons tous du pouvoir, dans une certaine mesure. Ne serait-ce que pour avoir la possibilité de choisir. Oui, ne pas avoir le choix, se sentir complètement impuissant, enfin de compte sous bien des aspects c'est comme se retrouver seul...dans le Noir.

* * *

Quand on annonça à Morgane de réfléchir à une dernière solution, elle dormit en pleurant silencieusement.
Et elle fit un rêve cette nuit-là. Un rêve qu'elle avait déjà fait à plusieurs reprises.

Elle descendait les marches de la demeure familiale comme à son habitude, et en allant en ville, elle croisait Rose, à l'orée du bois, en train de ranger ses fleurs. Rose avait une mine triste, qui la rendait tout de même toujours belle.


-Alio ! Rose ? Est-ce que ça va ?


Et Rose avait regardé Morgane, toujours aussi triste, tenait ses fleurs fânées à la main.


-Haec, je te remercie. Tout va bien.


Puis elle était retournée à ses fleurs, devant l'orée du grand bois sombre.


-D'accord. On se voit tout à l'heure.


Mais cette nuit-là, son rêve prit une autre tournure.
Elle s'approcha de Rose, quittant le sentier menant à la ville, et l'admira.

-Nisi, ca ne va pas. Je le sens. Rose, je t'en prie dis-moi ce qu'il y a. Laisse-moi une chance de te sauver.


-Tu ne peux pas Morgane.


-Pour quelles raisons ?


-Chérie, on ne peut pas empêcher l'imprévisible de se produire.


-Je ne peux rien faire tu en es sûre ?


Alors, Rose passa une main dans les cheveux de sa meilleure amie et lui caressa la joue, dans un tendre sourire.


-Si, si. Tu peux savourer cette magnifique journée. Elles sont tellement rares.

Ce serait la dernière fois que Morgane rêverait de moi, et je m'en réjouis pour elle.



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